Les films de Luis Bunuel ont été d'une grande importance dans ma découverte du cinéma. Mis il reste encore un cinéaste peu connu malgré tout ! Pourtant certains films sont des sommets de l'art cinématographique !
Nous essaierons avec une grande modestie de présenter quelques films, différents articles, quelques photos pour tenter de faire partager à de nombreux surfeurs notre profonde passion pour cet formidable metteur en scène de cinéma espagnol.
Ce grand réalisateur espagnol né en 1900 a tourné les films suivants :
Formé par les jésuites, puis à l'université de Madrid, où il fonda en 1920 un ciné-club, il vient à Paris étudier à l'Académie du cinéma. Il est l'assistant de Jean Epstein pour Mauprat et La Chute de la maison Usher. Associé au peintre Salvador Dali, il tourne un court métrage, Un Chien andalou, qui fait sensation (main pleines de fourmis, oeil coupé au rasoir, scènes érotiques). Le scandale vient avec L'Âge d'or, chef-d'oeuvre du cinéma surréaliste. Parlant du Chien andalou, Bunuel écrivait : "La foule imbécile a trouvé beau ou poétique, ce qui, au fond, n'est qu'un desespéré, un passionné apel au meurtre." Aucune inquiétude à avoir avec L'Âge d'or, placé sous le patronage de Sade et de Lautréamont. Une oeuvre subversive que symbolisait la scène du tombereau et une exaltation de l'amour fou. L'Action française vint manifester pendant les projections et le film fut interdit par la censure. Las Hurdes qui suivit, était un terrifiant documentaire sur les paysans d'un petit village voués à l'ignorance et à la misère.
Entre 1933 et 1935, Bunuel travaille pour des compagnies américaines. La guerre civile qui éclate en Espagne le bouleverse. Il collabore à un documentaire prorépublicain, Madrid 36, puis passe aux Etats-Unis. Les projets qu'il élabore à Hollywood n'aboutissent pas et il se voit contraint d'accepter des besognes alimentaires.
En 1947, il est au Mexique. Il reprend une activité de réalisateur. Los Olvidados, présenté à Cannes, rappelle qu'il est toujours un grand réalisateur. El et La Vie Criminelle d'Archibald De La Cruz, ses meilleurs films mexicains, sont pleins de références à Sade, à la religion, à la bourgeoisie évoquant L'Âge d'or. Bunuel n'a pas changé. Subida al cielo est un film surréaliste. Nazarin marque l'apogée de la période mexicaine de Bunuel, dont on retiendra aussi les adaptations de Robinson Crusoé (les fantasmes sexuels n'y sont pas éludés) et des Hauts de Hurlevent au sombre romantisme.
Un bref retour en Espagne avec Viridiana. On ne comprendra jamais comment le gouvernement de Franco a pu autoriser la production de ce film dont les clochards, dans un plan fameux, paraodiaient la Cène. Le film fut finalement interdit en Espagne.
La dernière partie de l'oeuvre de Bunuel est surtout marquée par sa collaboration avec Jean-Claude Carrière. Films d'une forme plus classique, adoptant souvent le principe d'une suite de sketches et tournant souvent à la pochade. Quel meilleur exemple que Cet obscur objet du désir, où Bunuel fait voler en éclat le thème du roman de Pierre Louÿs, La Femme et le pantin ? Le personnage de Conchita est joué par deux actrices qui ne se ressemblent pas, l'une a visage de madone, l'autre terriblement sensuelle. Les situations n'aboutissent pas ou s'achèvent sur une pirouette (le sac de jute, l'explosion finale...) On a l'impression, notait un critique, que Bunuel s'amuse de bout en bout dans ce film. En réalité, ne nous y trompons pas, les savoureux dialogues de La Voix lactée (Julien Bertheau, en maître d'hôtel discutant du problème de la grâce en préparant ses tables), les fantasmes érotiques de Catherine Deneuve dans Belle de jour, la satire des conventions bourgeoises dans Le Charme discret de la bourgeoisie : L'Âge d'or est toujours là. Rarement une oeuvre aura offert autant d'unité.
Jean TULARD (Guide des Films, Collection Bouquins, Robert Laffont)