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CET OBSCUR OBJET DU DÉSIR
Fiche technique :
Film français de Luis BUNUEL
Année : 1977
Avec Fernando REY (Mathieu Faber), Carole BOUQUET (Conchita I), Angela MOLINA (Conchita II), PIÉRAL (le nain, psy à domicile), Julien BERTHEAU (Edouard, le cousin préfet), André WEBER (Martin, le valet de chambre), Maria ASQUERINO (Incarnacion Perez, la mère de Conchita), Milena VUKOTIC (la voyageuse), Ellen BAHL (la rivale), MUNI (la concierge), Bernard MUSSON (le policier), Jacques DEBARY (le juge).
Scénario : Luis BUNUEL, Jean-Claude CARRIÈRE d'après le roman de Pierre LOUYS "La Femme et le Pantin"
Directeur de la Photographie : Edmond RICHARD
Décors : Pierre GUFFROY
Montage : Hélène PLEMIANNIKOV
Durée : 105 mn
Genre : Drame
Date de sortie : 17 août 1977 en France
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L'histoire :
Lors d'un voyage en train, Mathieu Faber raconte à ses compagnons de compartiment ses amours avec Conchita, qu'il poursuit à travers l'Europe et qui se dérobe à ses avances.
Critique :
Un sexagénaire, Mathieu Faber, jette un seau d'eau sur la tête d'une jeune femme. Il raconte son histoire : la belle victime s'appelle Conchita. Depuis trop longtemps, elle joue à le séduire, tout en se refusant éternellement à lui.
C'est le dernier film de Luis Buñuel, alors âgé de 77 ans, sourd et fatigué. Déçu par la performance de Maria Schneider, initialement prévue pour jouer Conchita, le cinéaste la fait remplacer par deux autres. Une idée aussi cocasse qu'étourdissante : choisir deux visages (doublés par la même voix) pour interpréter les deux facettes d'une même femme, mi-ange mi-démon. Ce double archétype féminin hante toute l'oeuvre de Buñuel, où les créatures perfides côtoient les vierges effarouchées.
Happés par le vertige de l'inassouvi et surtout rongés par l'atroce sensation de déjà-vu, les êtres patinent sur place. Sur fond de terrorisme armé, qui n'est que la négation de l'individu et du droit à l'amour, ils courent après l'impossible. Pourtant, leur chemin est parsemé de signes préventifs. Comment accepter une demande en mariage en regardant un majordome ramasser une souris coincée dans un piège ? Cynique et drôle, Luis Buñuel constelle son film de détails absurdes hérités du surréalisme. Il songea même à baptiser son film "Le Barbier de Séville", pour le plaisir de voir le spectateur s'embusquer sur une fausse piste..
Marine LANDROT (Télérama) |