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IT'S ALL TRUE



Fiche technique :
Film américain de Myron MEISEL, Bill KROHN, Orson WELLES, Richard WILSON, Norman FOSTER
Année : 1942
Avec Miguel FERRER (Narrateur), Carmen MIRANDA (elle-même (voix)), Grande OTELO (lui-même), Orson WELLES (lui-même (images d'archive)), Joseph F. BIROC, Richard WILSON.
Scénario : Bill KROHN, Myron MEISEL, Richard WILSON, Orson WELLES, Norman FOSTER, John FANTE d'après le récit "Bonito, the bull" de Robert J. FLAHERTY
Directeur de la photographie : Al GILKS, Floyd CROSBY, Harry J. WILD, W. Howard GREENE, George FANTO, Gary GRAVER
Cadreurs : Eddie PYLE, Joseph BIROC
Assistant-Réalisateur : Richard WILSON
Musique : Jorge ARRIAGADA
Montage : Joseph NORIEGA
Durée : 87 mn
Genre : Comédie Dramatique
Titre français : It's all true








L'histoire :
En 1942, envoyé au Brésil par la RKO et Nelson Rockefeller, Orson Welles se passionne pour un fait divers social et politique : l'odyssée héroïque de quatre pêcheurs brésiliens partis du Nordeste, qui ont parcouru 2500 kilomètres sur leur jangada, pour dénoncer leur misère. Mais le sort s'acharne contre lui : Orson Welles se retrouve seul avec un film qu'il ne pourra jamais finir. Mais en 1985, 300 bobines sont découvertes par hasard dans les archives de la Paramount. "It's All True" s'ouvre par le récit de l'épopée de Welles au Brésil, à travers les témoignages de ceux qui ont travaillé avec lui....

It’s All True, naissance tardive d’un film maudit

Le film inachevé d’Orson Welles, tourné au Brésil, a été présenté à Toulouse en ciné-concert, dans le cadre des Rencontres cinémas d’Amérique latine. Histoire d’un ambitieux projet qui faillit sombrer dans l’oubli.
Avec Citizen Kane, le jeune Orson Welles venait de signer un des films les plus audacieux de l’histoire du cinéma. Une carrière triomphale est promise à ce réalisateur prodige qui met très vite en chantier, dans les studios de la RKO, la Splendeur des Amberson. Lorsque le 7 décembre 1941 l’attaque japonaise sur Pearl Harbour précipite les États-Unis dans la guerre. Nelson Rockefeller, actionnaire de la RKO, et le président Roosevelt lui-même demandent à Welles de tourner un film au Brésil, ce qui faciliterait les relations avec ce pays, que les États-Unis voudraient voir à leurs côtés pendant le conflit mondial. Car le Brésil est dirigé par le dictateur Vargas et certains membres de son gouvernement sont des sympathisants nazis. On commande à Welles un film consensuel, voire touristique, dont le thème est tout trouvé : le carnaval de Rio.
Welles, délaissant la Splendeur des Amberson, arrive sur place sans scénario, en sachant seulement que trois histoires composeront It’s All True. Il filme le carnaval mais, dépassant l’aspect "carte postale", recherche les origines de la samba, montre la pauvreté des danseurs noirs. Ce qui déplaît aux autorités brésiliennes : Welles et son équipe de tournage sont expulsés des favellas par la police de Vargas. Surtout, la deuxième partie du triptyque est consacrée aux misérables pêcheurs du Nordeste - les jangadeiros - spoliés du fruit de leur travail par les propriétaires des embarcations. Les jangadeiros se révoltent et quatre d’entre eux - histoire authentique - entreprennent sur un radeau un long périple de Fortaleza à Rio, pour y rencontrer Vargas. Le célèbre cinéaste veut porter à l’écran cette odyssée. Or, le leader des jangadeiros, Jacaré, est soupçonné d’être communiste, faute rédhibitoire. Welles lui-même, préoccupé par les questions sociales, ne serait-il pas en train de virer au rouge ?
Les nouveaux dirigeants de la RKO, furieux des orientations données au film par l’enfant terrible de Hollywood, décident d’ajourner la production. Le drame s’abat même sur l’équipe de Welles : Jacaré meurt noyé pendant le tournage d’une scène. Avec le peu d’argent qui lui reste, le cinéaste décide d’achever l’épisode Quatre Hommes sur un radeau, avant de retourner aux États-Unis. À Hollywood, sa réputation est faite : Welles est un irresponsable, un réalisateur incontrôlable qui gaspille l’argent de la production. Il ne trouve plus un seul dollar pour achever son ouvre, ni même pour monter Quatre Hommes sur un radeau, seul épisode entièrement tourné. On ne sait même pas ce qu’est devenu le négatif.
Plus de quarante ans après, en 1985, les bobines de It’s All True sont retrouvées dans un entrepôt. Welles, âgé de soixante-dix ans - il mourra quelques mois plus tard - demande alors à ses amis (Richard Wilson, Myron Meisel et Bill Krohn) de ressusciter autant que possible, sur ses indications, l’ouvre perdue. Le montage est confié à un certain Marx, Edward de son prénom.
It’s All True se résume ainsi au seul épisode de cinquante minutes, Quatre Hommes sur un radeau, dépourvu de paroles. En 1993, cependant, le compositeur chilien Jorge Arriagada écrit une musique pour accompagner les images de Welles. It’s All True est donc aujourd’hui présenté en ciné-concert, avec l’orchestre dans la salle. Ce qui arrive rarement : à La Havane, à Santiago du Chili et, mercredi dernier à Toulouse, dans le cadre des Rencontres cinémas d’Amérique latine. L’Orchestre national du Capitole, cette fois dirigé par Stéphane Cardon, a interprété la musique de Jorge Arriagada, parfois mélancolique, parfois puissante, venant renforcer l’émotion suscitée par les images. Ces images, que des dialogues auraient pourtant dû accompagner, ont montré leur formidable force d’expression. Comme celles du cinéma muet.
Bruno VINCENS (L'Humanité)

Le projet brésilien d'Orson Welles, fin 41, s'était terminé en catastrophe. On en a sauvé quelques bobines. Chef-d'oeuvre Quelques mois avant la mort d'Orson Welles, on retrouve la quasi-totalité des bobines d'un film inachevé : Four Men on a raft. Les voilà, ces images, montées selon les indications laissées par Welles et son assistant d'alors, Richard Wilson. Des images sublimes, épurées. Wellesiennes. Les voir aujourd'hui, grâce à la ténacité d'un certain nombre de cinéphiles, dont Jean-Luc Ormières, producteur français, c'est non seulement un plaisir pour les yeux ­ 42 minutes de bonheur ­, mais aussi le chaînon manquant d'une oeuvre superbe, qui a révolutionné le cinéma.

Four Men on a raft est le dernier de trois documentaires-fictions fondés sur des histoires vraies. It's all true est le titre que leur donne Welles lorsque la RKO lui demande, fin 1941, d'aller tourner en Amérique du Sud pour participer à l'effort de guerre. C'est sans doute pour en finir avec la légende qui l'encombre déjà que Welles tient à caser absolument ce titre, initialement prévu pour tout autre chose : un documentaire sur les origines du jazz... Une légende née le 30 octobre 1938, lorsque Orson Welles, enfant chéri de la radio, et sa troupe du Mercury Theatre lancent sur les ondes une pièce intitulée La Guerre des mondes. Tout semble si vrai que les auditeurs s'affolent, croient à une attaque réelle des Martiens, et qu'on assiste à une panique mémorable. D'ailleurs, deux ans plus tard, lors de l'annonce de l'attaque de Pearl Harbor, il y aura quelques personnes pour ne pas y croire. Genre : on nous l'a déjà faite. Plus tard, le magnat de la presse Randolph Hearst, qui trouve que le personnage central de Citizen Kane lui ressemble trop, tente ­ sans succès ­ d'arrêter le tournage du film, puis sa sortie. Welles a 25 ans. Pour réaliser ce premier film, il a obtenu à peu près tout ce qu'il voulait d'Hollywood. On commence à le trouver énervant. Doué, jeune, insolent, donc énervant. Lorsqu'il part pour le Brésil, Welles vient de terminer les prises de vue de son deuxième film, La Splendeur des Amberson. Les studios le lui promettent : il pourra superviser le montage à Rio, où son monteur, Robert Wise, le rejoindra. Il part donc l'esprit tranquille, sans scénario précis, mais avec l'envie, tenace, de réaliser trois documentaires-fictions, fondés sur des histoires vraies. Quelques scènes du premier, My friend Bonito, sont tournées au Mexique par son assistant, Norman Foster. Le scénario, signé Robert Flaherty, raconte la tendresse d'un petit garçon pour un jeune taureau et l'histoire véridique de leur reconnaissance mutuelle dans l'arène. Pour le deuxième, Welles, arrivé à Rio en plein carnaval (qu'il déteste), s'intéresse à la samba, voix du peuple, partie des bas quartiers, comme le jazz. Il accumule les images, en Technicolor et en noir et blanc. Pendant ce temps, à Hollywood, les problèmes se multiplient. La direction de la RKO change, le contrat de Welles est révisé et son monteur ­ resté aux Etats-Unis ­ est sommé d'établir un premier bout-à-bout pour une projection test. Affolement général au studio : La Splendeur des Amberson est jugé déprimant, trop long et peu commercial. On demande des coupes et une nouvelle fin. Les échanges de lettres et de mémos ne font rien à l'affaire. D'autant que Welles est coincé à Rio. Car, pour la troisième partie de It's all true, il veut raconter une histoire qui lui tient particulièrement à coeur : celle de quatre "jangadeiros", quatre pêcheurs du Nordeste qui avaient parcouru 2.500 kilomètres à bord de leur rafiot (quelques rondins et une voile) pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail au président Vargas, à Rio. Ce sera Four Men on a raft. Sur le tournage, l'argent commence à manquer. L'équipe Technicolor est rapatriée de force aux Etats-Unis. A Hollywood, les rushes non sonores du carnaval apparaissent aux dirigeants du studio comme une aberration : "Il ne filme que des Nègres en train de se trémousser." A Rio, alors que Welles reconstitue l'arrivée triomphale des pêcheurs avec les vrais protagonistes, une énorme vague fait chavirer l'embarcation : le chef du groupe, Jacare, se noie. On somme Welles de tout arrêter, mais il continue avec une équipe réduite. En souvenir de l'homme mort. Par entêtement, aussi. Par "désespoir", dira-t-il. Pour dramatiser et expliquer la colère des jangadeiros, il a imaginé, en prélude, une histoire d'amour entre une jeune fille et un pêcheur. Celui-ci meurt en mer, son corps reste introuvable, jusqu'au moment où une petite fille l'aperçoit près d'un rocher. Elle court, elle court, passe sous d'immenses filets, arrive au village et avertit tout le monde. Le corps est ramené, porté par les hommes, suivis d'un long cortège de villageois en larmes. Comme dans Citizen Kane, Welles manie la contre-plongée. Et, comme il a peu de moyens, il invente : il fait creuser un trou dans le sable pour que la caméra soit le plus bas possible, fait chahuter une embarcation sur la grève pour simuler le roulis. Mais les crédits manquent et son visa arrive à expiration. Il abandonne momentanément la partie. Malgré ses efforts, ce film ne verra jamais le jour de son vivant. Orson Welles ne pourra même pas visionner les rushes. De là s'est renforcée la légende de l'enfant gâté : génie et potentat, capricieux, gaspilleur et irresponsable. On l'accuse d'avoir causé la mort de Jacare parce qu'il a voulu aller trop loin, on lui reproche le naufrage du film parce qu'il ne voulait écouter personne. Orson Welles, génie ? Enfant gâté ? Sans doute. Et passionné. Et jusqu'au-boutiste. Welles adorait tourner, mais aimait encore plus le montage. Il est difficile d'admettre qu'il ait quitté les Etats-Unis pour un film de commande à Rio ­ sans même être payé ­ et qu'il ait laissé La Splendeur des Amberson aux mains des censeurs, juste par caprice. Four Men on a raft est précédé d'un documentaire passionnant et émouvant qui retrace cette épopée et nous montre les survivants, fils ou cousins des pêcheurs que Welles a filmés, et qui considèrent ce film comme leur héritage. Au début du documentaire, un long plan-séquence nous montre le cinéaste racontant, en 1954, l'histoire de ce désastre et le sort qu'un sorcier aurait lancé sur le film : un fil rouge traversant le script à l'aide d'une aiguille. Vrai ou faux ? Qu'importe, puisque l'histoire est belle.
Isabelle DANEL (Télérama)

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