Retour Filmographie Luchino Visconti

LUDWIG



Fiche technique :
Film italien de Luchino VISCONTI
Année : 1972
Avec Helmut BERGER (Louis II de Bavière), Romy SCHNEIDER (Elisabeth d'Autriche), Trevor HOWARD (Richard Wagner), Silvana MANGANO (Cosima von Bulöw), Gert FROEBE (Le révérend Hoffmann), Helmut GRIEM (Durcheim), Isabelle TELEZYNSKA (La reine-mère de Bavière), Sonia PETRIVA (Sophie de Wittelsbach), Umberto ORSINI (De Holnstein), John MOULDER BROWN (Le prince Otto), Folker BOHNET (Joseph Kainz), Marc POREL (Richard Hornig).
Scénario : Suso CECCHI D'AMICO, Luchino VISCONTI et Enrico MEDIOLI
Dialogues : Suso CECCHI D'AMICO
Images : Armando NANNUZZI
Montage : Ruggero MASTROIANNI
Décors : Mario CHIARI
Musique : WAGNER, OFFENBACH et Robert SCHUMANN
Titre français : Ludwig ou le Crépusucle des dieux
Durée : 225 mn
Genre : Drame




L'histoire :
En 1864 -il a 19 ans- Louis II monte sur le trône de Bavière, royaume allemand encore autonome, entre la Prusse unificatrice et l'empire austro-hongrois. Vingt-deux ans plus tard, déclaré incapable de gouverner, Louis II est déposé et confié aux soins d'un médecin aliéniste. Brisant parfois la chronologie, confrontant le visage du jeune roi adulé à ce qu'il allait devenir devant ses juges, Visconti raconte l'histoire du souverain "fou" de Bavière, et les fêlures de sa vie intime.

Critique :
Sorti en France en mars 1973, dans une version de trois heures, Ludwig était une oeuvre mutilée, et qui le fut plus encore pour l'exploitation en Allemagne. Après la mort de Visconti et la faillite des producteurs, le film fut vendu aux enchères en Italie. Aidés par la RAI, les fidèles du cinéaste le rachetèrent et reconstituèrent à cinq minutes près, la version la plus conforme à ses intentions.
Ludwig a été découpé en cinq épisodes pour la télévision. Entier, c'est une merveille. Un film flamboyant, funèbre et pathétique, pour l'histoire d'un jeune souverain glissant implacablement - en grande partie à cause de la "trahison" de Wagner, dont le portrait n'est pas flatteur- vers les ombres bleutées, lunaires, d'un monde chimérique. La tragédie intérieure de Louis II répondait aux préoccupations de Visconti, accablé par la maladie et les contraintes de la vieillesse. Le roi, tourmenté par son homosexualité, cherche à la transcender en idéal esthétique, par la construction des châteaux en Bavière, décors pour opéras fantomatiques, où rodera l'ombre de Wagner et où glissera, toute vêtue de noir, Elizabeth d'Autriche, l'impératrice errante (revanche donnée à Romy Schneider, admirable, sur le mythe sucré de "Sissi"). Méditation douloureuse sur la solitude de l'homosexuel, sur la création artistique assimilée à la paranoïa. Helmut Berger passe de la splendeur du héros romantique à l'achavissement physique et à la folie. Il reste à jamais lié au cinéma de Visconti et, particulièrement, à ce rôle.
Jacques SICLIER (Télérama)

Même s'il tournera deux autres films (Violence et passion et L'Innocent), cette fresque (...) est le dernier grand Visconti. Réalisé par amour pour Helmut Berger, bien sûr, qui, dirigé de main de maître, est inoubliable. Par amour de l'art, aussi, cet amour terrible qui isole les êtres en eux-mêmes, les éloigne des autres, au point de les rendre haïssables aux médiocres. Ils sont, d'ailleurs, là, ces envieux, ces indignes, en longs plans fixes, en quelque sorte, le tribunal de l'Histoire - de la folie du roi Ludwig...
C'est que le temps a fui : Visconti n'est plus le cinéaste nostalgique du Guépard qui éprouvaite encore de l'espoir devant le triomphe de la beauté. Ici, on devine Ludwig perdant et perdu, dès qu'il affirme à son confesseur sa foi en l'art qui, dit-il, rendra son règne meilleur. Quelle douce folie ! Exalté, solitaire, homosexuel - différent, en somme, ce qui en fait un objet d'opprobre et de dérision - Ludwig se retrouve abandonné de tous. De Wagner, notamment, que Visconti dépeint comme un profiteur égoïste (ah, son terrifiant Noël bourgeois en famille !). Même Elisabeth d'Autriche (Romy Schneider, superbe) qui, elle aussi, "se défend des autres en les fuyant", trahit son cousin trop aimé en hurlant de rire devant les extravagants châteaux qu'il aura édifiés. Tout empreint d'une douleur qui semble ne tarir jamais, le film cerne un double pourrissement : ce jeune roi qui se défait physiquement sous nos yeux. Et cette société en attente d'une implosion : l'orgie triste des valets autour du souverain à bout de souffle évoque, évidemment, une future bacchanale bien plus sanglante : celles des Damnés.
Pierre MURAT (Télérama)

Le destin de l'ultime roi de Bavière ne pouvait que passionner Visconti, peintre inspiré de la déchéance. Magnifique oraison funèbre, le film s'attache à décrire les lubies mégalomanes du souverain avec luxe de détails inouï. Ce n'est toutefois pas la reconstitution historique qui fascine le cinéaste que l'étude du déclin physique et moral de Louis II. Comme dans Le Guépard et Les Damnés, le réalisateur restitue le cadre somptueux dans lequel se déroule le parcours d'une aristocratie finissante pour mieux en accentuer la chute. D'une sincérité poignante, la compassion de Visconti pour son héros se manifeste tout au long de l'oeuvre : qu'elle s'exprime à travers l'amour morbide du roi pour sa cousine ou par la tentative de vaincre l'histoire et le temps en édifiant des châteaux éternels, l'identification de l'auteur à son personnage nous étreint. Helmut Berger incarne avec retenue et sensibilité le monarque fragile, et Romy Schneider s'affranchit enfin de son rôle de Sissi en interprétant magistralement une cynique Elisabeth.
Franck Garbarz (Télérama)

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