Cliquez pour obtenir l'affiche en plus grand format
Retour Clint Eastwood

BREEZY



Fiche technique :
Film américain de Clint EASTWOOD
Année : 1973
Avec William HOLDEN (Frank Harmon), Kay LENZ (Breezy), Roger C. CARMEL (Bob Henderson), Marj DUSAY (Betty Tobin), Joan HOTCHKISS (Paula Harmon), Jamie Smith JACKSON (Marcy).
Scénario : Jo HEIMS
Directeur de la photographie : Frank STANLEY
Musique : Michel LEGRAND
Directeur artistique : Alexander GOLITZEN
Montage : erris WEBSTER
Durée : 107 mn
Genre : Drame
Titre français : Breezy


L'histoire :
Un agent immobilier de 50 ans, Frank Harmon, prend en stop une hippie de 17 ans, Breezy. Il accepte de l'héberger, avec ce qui suit, mais se sent gêné devant ses copains qui se moquent de lui. Il rompt, mais bouleversé par la solitude d'une veuve de ses amis, il retrouve Breezy et lui propose de vivre avec lui, sans échafauder de projet d'avenir.


Critique :
Après Un Frisson dans la nuit et L'Homme des hautes plaines, Clint Eastwood réalisateur restait pour la première fois derrière la caméra avec ce troisième film méconnu, boudé à sa sortie, déjà l'histoire d'un amour interdit, vingt-deux avant Sur la route de Madison. Eastwood se considérait trop jeune pour interpréter Frank Harmon, agent immobilier quinqua et désabusé emporté par une soudaine brise printanière incarnée par une toute jeune hippie que tout émerveille - en anglaisd, breezy signifie "venteux".
C'est le rajeunissement d'une homme cynique qui intéressait Eatswood, déjà hanté par l'âge. En face de William Holden, qui avait 12 ans de plus que lui, il voulut une toute jeune fille pour accentuer le contraste printemps-automne, préférant Kay Lenz, fraîche comme une pomme, à Sondra Locke, déjà trop âgée. Breezy préfigure la sensuelle pudeur et surtout la justesse pour filmder le trouble amoureux de Sur la route de Madison. Superbe scène ou Breezy et Frank font l'amour pour la première fois : Frank entre dans sa chambre, sûr d'y être seul, s'assoit sur son lit pour se dévêtir etvoit les mains de Breezy sortir de l'obscurité pour l'enlacer et l'attirer à elle. Plus tard, dans une autre séquence, le temps se suspend lorsque les deux amants se font face en se déshabillant.
Frank, le solitaire (comme la plupart des héros eastwoodiens) qui a gâché ses liaisons précédentes, résistera tant qu'il pourra à cet amour insolent, un peu par pression sociale, et aussi par peur de ne pas être à la hauteur - superbe William Holden, entre dureté et espoir confus. Vingt ans plus tard, Eastwood sacrifiera la passion de ses amants dans son mélo automnal Sur la route de Madison. Dans Breezy, il laissait encore gagner le printemps.
Guillemette ODICINO (Télérama)

Eastwood réalisateur, trop jeune pour le rôle principal, le laisse à William Holden. le film ne plait guère à ses admirateurs. quant à ses détracteurs, trop aveuglés par leur mauvaise foi, ils refusent de prendre plaisir à ce film tendre et touchant.
Alain PAUCARD Guide des Films, collection Bouquins

Voir Breezy aujourd'hui est une expérience typiquement eastwoodienne. C'est une des rares fois où le cinéaste des époques perdues filme son temps, et pour nous, pourtant, c'est un flash-back, une plongée dans une Amérique enfouie, une rencontre avec des visages, des corps aujourd'hui changés ou disparus ; Kay Lenz a presque cinquante ans, William Holden est mort. Le film raconte l'histoire d'amour, anecdotique et dense, entre Breezy, ado hippie vaguement errante mais en toutes occasions heureuse, et Frank Harmon, agent immobilier quinquagénaire, établi et fièrement solitaire. C'est le schéma classique du "tout les opposait", qu'Eastwood se fait un plaisir d'énumérer, presque point par point, au début du film. Outre les questions d'âge et de statut social, leur façon de s'habiller, de parler (elle beaucoup, lui très peu), leurs dialogues même (il lui demande si elle n'est pas un peu jeune pour fumer, elle rétorque que c'est plutôt lui qui est trop vieux), tout joue sur le diamétralement opposé. Ils se tiennent chacun à un bout de quelque chose (on y reviendra), et Eastwood est là pour filmer uniquement leur trajectoire l'un vers l'autre, et la courbe, tantôt contrariée, tantôt limpide, qu'ils tracent ensemble. C'est la première beauté de ce film matinal que de leur offrir un présent. Pas ou peu de passé, un futur incertain : cet homme et cette jeune femme sont donnés, filmés, pour ce qu'ils sont ensemble, et très peu pour ce qu'ils ont pu être - d'où ils viennent -, sauf de manière soit très expéditive, soit très subtile. Expéditive lorsqu'elle lui débite sa (courte) vie en trois minutes au petit déjeuner, subtile parce que c'est par le bel intermédiaire de trois femmes qui sont passées dans sa vie à lui (le temps d'un mariage, d'une amitié amoureuse, ou d'une nuit) qu'un peu de ce qu'il est affleure. Ce qu'on comprend ainsi de lui suffit : c'est un homme qui ne sait pas aimer (ou trop tard). Ce sont également ces trois femmes qui donnent, en creux, de la densité à sa relation avec Breezy.
Clélia COHEN - Cahiers du cinéma n°555


                                                        





Retour Filmographie



       Classement de sites - Inscrivez le vôtre!               annuaire        annuaire gratuit lebonclic