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Retour Filmographie Orson Welles

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Fiche technique :
Film français de Orson WELLES
Année : 1975
Avec Orson WELLES, Joseph COTTEN, Oja KODAR, Elmyr DE HORY, Clifford IRVING, Francois REICHENBACH, Laurence HARVEY, Richard WILSON, Howard HUGHES, Andre GOMEZ, Peter BOGDANOVICH, William ALLAND, Jean-Pierre AUMONT.
Scénario : Orson WELLES, Oja KODAR
Directeur de la photographie : Christian ODASSO, Gary CRAVER et François REICHENBACH
Musique : Michel LEGRAND
Durée : 90 mn
Genre : Documentaire
Titre français : Vérités et mensonges








L'histoire :
Orson Welles effectue un tour de magie et annonce: " Ce film traite de tricherie, de fraude, de mensonges... Racontée chez soi, dans la rue ou au cinéma, toute histoire est presque sûrement un mensonge. Mais pas celle-ci ! Tout ce que vous verrez dans l'heure qui suit est absolument vrai. "
Vraie, l'histoire de cet Elmyr de Hory, racontée par Clifford Irving, son biographe. Elmyr fabrique des copies de toiles de grands peintres; même les experts sont incapables de distinguer les vrais des faux. Par contre, lorsque de Hory prétend avoir en main la biographie du producteur milliardaire Howard Hughes, on l'accuse de contre-façon. Or, des graphologues authentifient l'écriture de Hughes! Qui dit vrai ?
Et Welles, qui nous raconte tout cela, n'a-t-il pas, lui aussi, débuté sa carrière par un énorme canular, son émission de radio d'après " La guerre des mondes " qui affola les États-Unis ? Tout le monde y a cru...
Qu'est-ce alors qu'un artiste, sinon un mystificateur ? Par exemple, cet épisode des vingt-deux tableaux qu'aurait peints Picasso, fasciné par son modèle, la sculpturale Oja Kodar : est-il réel ou purement imaginaire ? Est-ce un documentaire ou une fiction ? " En vérité, veuillez nous pardonner, nous avons contrefait cette histoire. Mon rôle de charlatan fut de la rendre vraie (...). Nous, menteurs patentés, espérons servir la vérité. Picasso lui-même l'a dit : "L'art est un mensonge". L'heure est passée. " L'art est un mensonge qui nous fait comprendre la vérité" conclut Orson Welles. Un film essai d'Orson Welles sur "le délicieux mensonge" de l'oeuvre d'art, une variation sur les rapports du créateur avec sa création et toute la vérité sur un des plus grands faussaires, Elmyr de Hory.

Avant-dernier film de Welles, Vérités et mensonges est plutôt un essai sur la tromperie. Dès le début du film le réalisateur nous assure que : "Tout ce que vous verrez dans l'heure qui suit est absolument vrai" mais le film fait plus d'une heure...
Welles parle de faussaire, de lui-même à ses débuts et de prestidigitateur. Il passe d'une histoire à l'autre en manipulant le spectateur, mélangeant des images de documentaires et des images filmées par lui-même.
Mais l'important dans une œuvre ce n'est pas la vérité, mais qu'elle soit cohérente et bonne. Tout comme les faux de Hory, ils sont intéressants car ils sont bons.

Critique :
Large chapeau et longue cape noire, l'oeil narquois et la voix envoûtante, Orson Welles exécute des tours de passe-passe. Il fait apparaître une clé ou disparaître une pièce de monnaie sous l'oeil attentif d'un gamin émerveillé. Cet homme-là est né illusionniste, il a passé sa vie derrière de faux nez, se grimant pour chaque rôle et, même, parfois, pour rien : juste pour être à la fois lui et un autre. Cet homme-là en connaît un rayon en matière de pieds de nez et de duperie. Vérités et mensonges, son avant-dernier film, invisible depuis sa sortie, ne parle que de ça : de vrais faussaires, de faux-semblants, de mensonges vrais et de vérités tronquées. "Tout ce que vous verrez dans l'heure qui suit est absolument vrai", annonce Welles. Et l'on rencontre Elmyr de Hory : faussaire génial, spécialiste des postimpressionnistes. Il peint comme il respire de faux Modigliani ou de faux Matisse, dont certains auraient été authentifiés par des musées. Il aurait même peint un Van Dongen que celui-ci revendiquait comme étant de sa propre main! Quant au biographe attitré d'Elmyr, un certain Clifford Irving, il a défrayé la chronique avec une autobiographie d'Howard Hughes : celui-ci niait avoir remis ce manuscrit à Irving, mais les experts ont authentifié son écriture...

Où est la vérité en matière d'art ? Voilà la question ! Picasso lui-même ne se vantait-il pas d'avoir peint « de faux Picasso » ? Quant à Elmyr, il s'interroge avec une simplicité naïve : « Si mes faux sont exposés assez longtemps dans un musée, est-ce qu'ils deviennent vrais ? » S'il y a mensonge de l'art, il y a aussi, à coup sûr, art du mensonge. Orson Welles évoque alors ses débuts, à 16 ans, sur une scène de Dublin : il avait prétendu être un grand acteur de Broadway, on l'avait cru. Puis, il parle de La Guerre des mondes, sa fameuse émission de radio qui fit croire à l'Amérique tétanisée que les Martiens avaient débarqué. De la mystification à la mythification, il n'y a qu'un pas, qui, parfois, se franchit allégrement. Mais qu'est-ce qui est le plus important ? Que Welles ait menti, ou qu'on l'ait cru ? Il faut être grand acteur pour convaincre qu'on est un grand acteur. Welles fait ici profession de foi. Ce qui l'intéresse dans un faux, c'est qu'il soit bon ! Ce qui compte pour lui, ce n'est pas la signature, c'est l'oeuvre : qu'elle soit belle, qu'elle aide à vivre, voilà sa vérité. Le plan de la cathédrale de Chartres est là pour le prouver : oeuvre collective, oeuvre anonyme, elle se dresse vers le ciel, immense et éternelle. Peu importe que l'art soit mensonge. Si, comme le disait Cocteau, ce mensonge, au bout du compte, "dit la vérité". Dans Vérités et mensonges, d'histoire en histoire, Welles escamote la vérité au profit du spectacle. Il manipule et nous manipule, s'amuse et nous amuse. Il nous raconte une escroquerie où auraient trempé Picasso et Oja Kodar. Et parce qu'on a vu, au début du film, les regards concupiscents des hommes sur cette magnifique jeune femme aux jambes interminables, on croit aisément qu'elle ait pu séduire le peintre et inspirer vingt-deux tableaux... On se perd dans les entrelacs d'un montage brillantissime. Certains documents ont été tournés par Welles lui-même, d'autres proviennent d'un documentaire télévisé de François Reichenbach sur les faussaires. L'effet est vertigineux. On ne sait plus où est le vrai, où est le faux. D'autant qu'Orson Welles, dans une dernière pirouette, brouille encore les pistes. " Je vous avais promis de ne pas mentir pendant une heure. Or, depuis dix-sept minutes, l'heure est écoulée.
Isabelle DANEL (Télérama)

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