MR AKADIN Fiche technique : Film américain de Orson WELLES Année : 1955 Avec Akim TAMIROFF (Jakob Zouk), Grégoire ASLAN (Bracco), Patricia MEDINA (Mily), Jack WATLING (marquis de Rutleigh), Orson WELLES (Gregory Arkadin), Mischa AUER (le professeur), Peter VAN EYCK (Thaddeus), Michael REDGRAVE (Burgomil Trebitsch), Suzanne FLON (Baronnne Nagel), O’BRADY (Oscar), Katína PAXINOU (Sophie), Tamara SHANE (femme dans l'appartement), Paola MORI (Raina Arkadin), Robert ARDEN (Guy van Stratten). Scénario : Orson WELLES Directeur de la Photographie : Jean BOURGOIN Musique : Paul MISRAKI Montage : Renzo LUCIDI Durée : 93, 95, 98 ou 105 minutes (selon le montage) Genre : Thriller Titre français : Dossier secret (Confidential Report (UK))

L'histoire :
Richissime marchand d'armes, Gregory Arkadin (Orson Welles) prétend être devenu amnésique et engage un aventurier sans scrupules, Guy van Stratten (Robert Arden), pour qu'il l'aide à retrouver les témoins de son passé. À mesure que ces derniers éclairent l'enquêteur sur les activités d'Arkadin, avant qu'il ne devienne un magnat tout puissant, ils sont assassinés...

Critique
Construite selon le même schéma d'enquête rétrospective que Citizen Kane, cette nouvelle fable sur l'impossibilité d'effacer les traces du passé brosse encore le portrait d'un puissant aux mains sales, une crapule coussue d'or, asphyxiée par la nostalgie d'une enfance perdue et paralysée par les origines criminelles de son immense fortune. Ce fauve somptueux, ce manipulateur en quête d'une identité d'illusion, est hanté par la même incapacité à assumer un profil serein que le Iago de Shakespeare : "I am not what i am." C'est un homme à masques, grimaces et postiches, l'ogre factice d'une Europe feuilletonesque, délirante et fantastique, avec ses églises baroques, bals costumés sur yacht, palace de Côte d'Azur. Montagne haletant de scènes qui se succèdent à un rythme effrené, de plans aux perspectives déformées, de personnages qui tournoient et titubent, le film est un constant régalk visuel. La mise en scène reflète délires et malaises. Château, escaliers, miroirs, etrangeté des visages, ombres et espaces vertigineux soulignent l'ambiguïté des êtres, le règne de l'obsessionnel et de la duperie.
Comme toujours, Welles campe le magnat véreux avec une royale aisance, persuadé que la franchise du salaud qui s'avoue comme tel lui donne du charme, et même une dignité tragique.
Nagel MILLER, Télérama

Phrase placée en exergue : "Une fois, un roi, riche et puissant, demanda au poète : De tout ce que je possède, que puis-je te donner , ? Celui-ci répondit avec sagesse : "N'importe quoi, sire, sauf votre secret". Dès Citizen Kane, Welles montrait que le mystère de l'homme restait entier. Comment comprendre, même si l'on est artiste, les raisons qui poussent certains à se mesurer à Dieu. C'est donc une enquête, encore, que mène un détective. Pour le milliardaire Alexandre Arkadin. Sur le milliardaire Alexandre Arkadin. Et les meurtres de se multiplier... Dans des décors de conte de fées et cauchemar baroque, un colosse barbu surplombe une galerie de personnages insolites. Maîtrise absolue de l'image, du rythme et du montage. Welles est au sommet de son art.
Isabelle DANEL, Télérama

Sommet de l'oeuvre de Welles, ce film est à voir surtout pour le bal masqué où Arkadin conte l'histoire du scorpion et de la grenouille. C'est encore une fois un film-enquête, mais plus baroque que Citizen Kane, fondé sur la faille d'un potentat (ici l'amour d'Arkadin pour sa fille). Superbe galerie de personnages équivoques et promis à une mort brutale, interprétés par Akim Tamiroff, Mischa Auer, etc.
Jean TULARD (Guide des Films, Collection Bouquins, Robert Laffont)