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A CLOCKWORK ORANGE

Fiche technique :
Film anglais de Stanley KUBRICK
Année : 1971
avec Malcolm McDOWELL (Alex), Patrick MAGEE (M. Alexander), Michael BATES (le gardien-chef), Warren CLARKE (Dim), John CLIVE (l'acteur sur scène), Adrienne CORRI (Mme Alexander), Janus MARCUS (Georgie), Michael GOVER (le directeur de la prison), Michael TARN (Pete), Paul FARRELL (le clochard), Miriam KARLIN (Cat Lady), Anthony SHARP (le ministre), Aubrey MORRIS (P.R. DELTOID), Carl DUERING (Dr BRODSKY)
Scénario : Stanley KUBRICK d'après le roman d'Anthony BURGESS
Images : John ALCOTT
Musique : Walter CARLOS, BEETHOVEN, PURCELL, ROSSINI, ELGAR, RIMSKI-KORSAKOV
Titre original : A clockwork orange
Durée : 85 mn
Genre : Policier
Titre français : "Orange Mécanique"



L'histoire :
Alex et sa bande de jeunes délinquants d'allure étrange (les Droogs), habit blanc et melon noir, sèment la terreur pour le plaisir dans une Angleterre futuriste. Un soir, ils font irruption chez un écrivain qu'ils tabassent et dont ils violent et tuent la femme. Lors d'une autre agression contre la gérante d'une ferme bio, Alex est arrêté. En prison, on le choisit comme cobaye d'une expérience de réhabilitation.


Ancien Testament tendre l on le force regarder deviennent curieusement plus r alistes. Apparemment Alex est une pave.
Enfin, la troisième partie nous fait entrer de plain-pied dans la folie, cette folie qui berce ou (le plus souvent) fait exploser les films de Stanley Kubrick. Alex, pris de nausée dès qu'il est tenté de faire le mal, dégoûté de sa musique favorite (Beethoven), malmené par ses ex-complices devenus flics, échoue chez l'écrivain du début, cloué dans un fauteuil roulant. Dégustée froide, la vengeance de celui-ci est finalement surpassée par le cynisme absolu du gouvernement, bien décidé à récupérer Alex, à l'exploiter au maximum. A un tel engrenage de délires paranoïaques, seule peut répondre une autre folie : celle du cinéaste. Et comme Kubrick est maître en la matière, c'est la terrible intensité de son dernier volet qui fait tenir à ce film baroque le choc du temps qui passe.
François GORIN (Télérama 1996)


Stanley Kubrick fait la magistrale démonstration qu'on peut faire du film commercial de la plus haute qualité. Nos habituels porteurs de messages se signalent surtout comme videurs de salles obscures. Le film de Kubrick, comme les films de Chaplin en leur temps, trace dans l'univers du cinéma une trajectoire fulgurante.
Il est difficile de faire un film plus violent, d'une sexualité plus poussée, d'une brutalité, d'une grossièreté plus achevée et cependant d'une intelligence et d'un talent plus évidents. Talent ? On peut dire génie tant est monstreux, hors de proportion, fantastique, ce film qui vous prend à la gorge et aux tripes, dès les premières images et vous secoue jusqu'à la dernière. Après "Dr Folamour" et "2001, l'Odyssée de l'espace", Kubrick réussit un triplé extraordinaire, mais son dernier film est le plus achevé, le plus parfait. Tout est d'un niveau supérieur : les excès étant admirablement contrôlés, la laideur volontaire et les beautés multiples. Tout concorde à faire de ce film excessif et lumineux une réussite complète, aussi bien dans les décors que dans la couleur et la musique.
Cet Alex, chef abominable d'un "quatuor" de voyous affreux qui tuent, violent et volent pour le plaisir, déguisés et masqués, parlant un sabir qu'ils se sont inventé, c'est le produit de notre civilisation. Il est arrêté, emprisonné, puis récupéré par une société qui, par un traitement scientifique, le transforme en être gentil, victime offerte à toutes les violences. Et à toutes les servitudes. Voilà que les partis politiques se le disputent, il devient le symbole de l'homme de demain que les dirgeants de l'avenir pourront gouverner en toute quiétude... Heureusement, si l'on peut dire, on lui fera un contre-traitement. Il guérira...et va redevenir l'affreux petit salaud qu'il était.
Mais voilà bien mal résumé ce film plein de richesses intellectuelles, ce film pessimiste sur une société à bout de souffle. On y rit très souvent, on ne s'y ennuie jamais. Vous non plus, vous ne le raterez pas !
Michel DURAN (Le Canard Enchainé, 1972)


Ciné-Club de CAEN : analyse et critique de films d'art et essai

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