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UNDER CAPRICORN


Fiche technique :
Film américain d'Alfred HITCHCOCK
Année : 1949
avec Ingrid Bergman (Henrietta Flusky), Joseph COTTEN (Sam Flusky), Michael WILDING (Charles Adare), Margaret LEIGHTON (Milly), Cecil PARKER (le gouverneur)
Scénario : James BRIDIE, d'après Helen SIMPSON, John COLTON et Margaret LINDEN.
Images : Jack CARDIFF
Décors : Tom MORAHAN
Musique : Richard ADDINSELL
Titre français : "Les Amants du Capricorne"
Durée : 115 mn
Genre : Mélodrame romantique flamboyant, fascinant, hitchcokien...





L'histoire :
Un domestique qui a épousé une aristocrate est accusé du meurtre de son beau-frère (le frère de sa femme). Il est jugé, condamné, incarcéré, exilé en Australie. Son épouse le retrouve là-bas. Il a payé sa dette. Il commence une nouvelle vie. Il devient riche. Mais les problèmes du couple ne s'améliorent pas. De quoi souffre cette femme ? De quoi son mari s'était-il rendu coupable ?




Critique :
Le propos est délibérément romanesque : il s'agit d'une étrange et forte histoire d'amour contrariée par des mystères. Dire lesquels serait un affront pour le lecteur. Il y a là une forme de suspense plus originale, plus subtile, plus intérieure que celle qui a fait la gloire et la singularité d'Alfred Hitchcock, et qui l'a condamné à endurer la réputation de maître de cette spécialité. Les événements s'enchaînent. Les choses s'éclairent pour retomber dans les ténèbres, avant de s'éclairer à nouveau. Nous percevons l'importance de ce qui agite l'esprit de l'héroïne, mais l'explication en est sans cesse retardée. C'est excitant. Hitchcock communique cette excitation en tournant autour du visage d'Ingrid Bergman, en décrivant les arabesques voluptueuses avec sa caméra, en jouant de la symbolique des couleurs (attention à l'état de la copie qui risque de démentir ce dernier aspect de la mise en scène). Hitchcock découvre ici la notion de romantisme.
Gilbert SALACHAS, critique parue dans Télérama.

Quand le film commence, l'histoire appartient déjà au passé. Hitchcock s'intéresse aux restes d'un drame qui s'est déroulé hors champ, pluieurs années auparavant. Les personnages, en état de choc, sont murés dans un silence dévastateur. Un silence séculaire qui paralyse le pays entier, cette Australie peuplée d'ex-bagnards à qui on ne parle jamais du passé, on ne pose aucune question. Pas de confession sous peine d'expulsion vers son pays d'origine. Pourquoi Sam Flusky, sorti du bagne depuis des années et devenu riche, est-il toujours aussi farouche ? Qu'a-t-il fait à sa femme (Ingrid Bergman, un peu trop habitée par son rôle), qui erre telle une héroïne d'Edgar Poe dans sa demeure ouverte aux quatres vents ? Enchaînés par leur terrible secret, ils forment un couple hitchcockien exemplaire. Ni avec toi, ni sans toi... ils s'aiment à s'en haïr, écrasés sous le poids de la culpabilité et du sacrifice.
Hitchcock, qui venait de réaliser La Corde, qui se voulait sans aucun montage, sadise ses acteurs à coups de plans séquences de dix minutes (ce qui offre à Ingrid Bergman une scène d'aveux mémorable) et laisse libre cours à son romantisme le plus effrené. Le Technicolor flamboyant - Jack Cardiff a signé la photo du Narcisse noir, de Pandora, de La Comtesse aux pieds nus - sauve ce "grand film malade" (selon François Truffaut), mal aimé et certainement mineur dans la carrière du maître.
Anne DESSUANT, critique parue dans Télérama.




Le film, certainement très hitchcokien, mais insatisfaisant, a été renié par son auteur même qui lui reproche la faiblesse de son scénario et une distribution peu convaincante, notamment la dévolution du rôle de Sam Flusky à Joseph Cotten, là où, selon Hitchcock, il aurait fallu Burt Lancaster, car le sujet profond du film est l'histoire de la lady amoureuse du palefrenier et qui se dégrade par amour. On retrouve pourtant dans ce film imparfait, mais techniquement brillant (le réalisateur y recourt, comme dans La Corde qu'il venait de réaliser , à de longs et complexes plans-séquence) une thématique et des personnages typiquement hitchcokiens : la gouvernante abusive, l'emprise du passé, la faute confessée, comme par exemple dans Rebecca et Les Enchaînés.
Michel SINEUX (Dictionnaire des Films, Larousse)




Un des films les plus controversés. Le film fut un grave échec commercial, le public ne comprit pas cette oeuvre romanesque à costumes d'un réalisateur déjà catalogué comme spécialiste du suspense. Certains comme Henri Agel y ont vu une investigation métaphysique de la condition humaine, mettant en jeu les notions du mal et de la rédemption, qui ne peuvent être compris que sous l'angle du péché et de la grâce, comme dans l'oeuvre de Bresson.
D'autres limitent leur analyse au plan psychologique, mettant en évidence la problématique du transfert de culpabilité et de l'aveu qui délivre, constante que l'on retrouve dans d'autres films d'Hitchcock. Bruno Villien insiste sur l'aspect "bestiaire" ironisant sur les rapports humains. Malgré la technique des longs plans séquences déjà utilisée dans La Corde, le film est très bavard et traîne en longueur. L'interprétation de Margaret Leighton, en gouvernante et de Cecil Parker, en gouverneur, mérite l'attention. Et puis il y le fameux plan d'Ingrid Bergman découvrant, horrifiée, dans son lit, une tête de mort réduite.
Jean Tulard (Guide des Films, Bouquins)




Entre Rebecca et Vertigo, une de ces rêveries romantiques d'Hitchcock où un portrait féminin fait le fond de l'intrigue. Le scénario avait été choisi par Hitchcock car il plaisait à Ingrid Bergman, une des vedettes hollywoodiennes les plus recherchés de l'époque. Par un emploi systématique et admirablement fluide des plans longs et mouvementés - technique reprise de La Corde , mais avec une autre finalité - par une lenteur et une solennité voulues du récit, une dramatisation plus discrète que d'habitude, une ellipse quasi totale des scènes d'action, Hitchcock donne à ses personnages et aux relations qui se nouent entre eux une étrange épaisseur romanesque. Ce qui se passe à l'intérieur de leur coeur est la véritable matière première du film. Les thèmes hitchcokiens du faux coupable et de l'aveu salvateur ont un rôle tout à fait insolite dans l'économie de l'intrigue puisque le faux coupable l'est ici volontairement et que le contenu de l'aveu repose en réalité sur la révélation d'un sacrifice dont le seul bénéficiaire ne veut plus être seul à avoir connaissance. Tous les personnages vont à l'extrême de leurs sentiments, qui sont en l'occurence de grands sentiments, et une suite de sacrifices réciproques les enchaîne les uns aux autres plus solidement qu'un complot. Même l'ange noir du film (la gouvernante Milly) agit par un sentiment d'amour profond, qui sans aucunement l'absoudre, la met parfois au niveau des autres personnages. Under Capricorn est aussi un des plus beaux Technicolor de l'histoire du cinéma. Superbe musique de Richard Addinsell, le compositeur de Sea Devils. Incompris par le public et la critique (à l'exception des rédacteurs des "Cahiers du Cinéma"), détesté sur le moment par Hitchcock qui vit dans son insuccès un grand motif de honte (ce qui prouve après tout beaucoup d'humilité), ce film où la parole a une extrême importance, notamment en tant qu'exorcisme du passé, est un des joyaux de l'oeuvre hitchcokienne.
Jacques Lourcelles (Dictionnaire du Cinéma, Les Films, Bouquins)





                    





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