Fiche technique :
Film français de Robert BRESSON
Année : 1956
Avec François LETERRIER (le Lieutenant Fontaine), Charles LE CLAINCHÉ (François Jost), Maurice BEERBLOCK (Blanchet), Roland MONOD (le pasteur Deleyris), Jacques ERTAUD (Orsini), Jean Paul DELHUMEAU (Hébrard), Roger TRÉHERNE (Terry), Roger PLANCHON (le garde cycliste), Max SCHOENDORFF (un soldat allemand), César GATTEGNO (le prisonnier X).
Scénario : Robert BRESSON et André DEVIGNY
Photographie : Léonce-Henri BUREL
Décors : Pierre CHARBONNIER
Musique : Wolfgang Amadeus MOZART
Montage : Raymond LAMY
Son : Pierre-André BERTRAND
Durée : 99 minutes
Genre : Drame
Prix de la critique française 1957
L'histoire :
En 1943. Après un acte de sabotage, le lieutenant Fontaine est capturé par la Gestapo et condamné à mort. Il est conduit au fort de Montluc, près de Lyon, où son exécution doit avoir lieu. Refusant de sombrer dans le désespoir, il organise patiemment son évasion. Il entreprend de démonter la porte de sa cellule au moyen d'une petite cuillère et fabrique une corde à partir des quelques pièces de linge dont il dispose. Ses espoirs, déjà minces, s'amenuisent lorsque ses geôliers lui imposent un compagnon, un certain Jost, qui n'inspire confiance à personne. Les plans du lieutenant vont-ils tomber à l'eau ?... non, car il parvient à s'échapper en compagnie de celui-ci.
Un modèle de cinéma dépouillé. Aucune fioriture dans le récit extrêmement minutieux de l'évasion d'un résistant. Dans sa cellule, patiemment, le prisonnier creuse, déblaye, tresse une corde et chacun de ses gestes acquiert une densité incroyable. Pour la première fois de sa carrière, Robert Bresson transforme vraiment l'acteur en modèle, faisant du visage impassible de François Leterrier, un non-professionnel, un support neutre. L'émotion ne naît plus du jeu mais de la tension entre l'action et la voix off. Les dialogues, rares, sont remplacés par un commentaire à la ferveur sourde. L'ode célèbre la volonté du résistant, sans éluder la part de sacrifice mystique. Pour conquérir sa liberté, le détenu passe par un itinéraire - physiquement, spirituellement - très sinueux...
Adaptation du récit d'André Debigny, résistant qui s'est évadé du fort de Montluc, à Lyon en 1943, Un Condamné à mort s'est échappé, dont le sous-titre (Le vent souffle où il veut) est emprunté à l'Évangile selon St-Jean, est une ode au courage et à la liberté qui fut le premier succès commercial de Robert Bresson.
Dès le premier plan, la caméra, rivée sur des mains auxquelles on vient sans doute d'ôter des menottes, semble filmer la liberté elle-même.
Comme dans la poésie de Francis Ponge, le moindre objet dont dispose le prisonnier dans sa cellule (une cuillère, un morceau de tissu...) se mue , par la foi et l'inébranlable volonté du héros ("Ce serait trop commode, dit Fontaine si Dieu se chargeait de tout"), en outil de liberté.
Rythmés par l'atonalité des dialogues et le Kyrie de la Messe en ut de Mozart, l'évasion du lieutenant Fontaine et son combat contre la mort deviennent, par l'étonnante minutie de la mise en scène, une métaophore de l'homme au monde.
Un nouveau tournant dans la carrière de Robert Bresson.
Ici c'est l'histoire d'une évasion analysée et disséquée de façon abstraite, où chaque geste prend une importance considérable, où les motivations de l'individu s'effacent devant un simple détail (une épingle qui sert à ouvrir les menottes, une corde lentement tressée).
Cette rigueurjanséniste s'accompagne d'un souci d'authenticité puisque le film est fondé sur des faits réels.
Gros plans et montage sonore (bruits de pas ou de clés avec la Messe en ut de Mozart) caractérisant ce nouveau style de Robert Bresson.
Pour François Truffaut, il s'agissait en 1956 du "film français le plus décisif de ces dix dernières années"
Jean Tulard (Le Guide des films, collection Bouquins - Robert Laffont)
Stéphane Lépine - Le cinéma selon Bresson: Un condamné à mort s'est échappé
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