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Fiche technique :
Film italien de Luchino VISCONTI
Année : 1953
Avec Alida VALLI (comtesse Livia Serpieri), Farley GRANGER (lieutenant Franz Mahler), Massimo GIROTTI (marquis Ussoni), Heinz MOOG (comte Serpieri), Rita MORELLI (Laura, la gouvernante), Christian MARQUAND (un officier), Sergio FANTONI (un patriote), Tino BIANCHI (Meuci), Ernest NADHERRY (le commandant de la Place de Vérone), Tonio SELWART (colonel Kleisy), Marcella MARIANI (la prostituée).
Scénario : Luchino VISCONTI et Suso CECCHI D'AMICO d'après le récit de Camillo BOITO, avec la collaboration de Carlo ALIANELLO, Giorgio BASSANI, Giorgio PROSPERI, Tennessee WILLIAMS, Paul BOWLES
Images : G.R. ALDO et Robert KRASKER
Décors : Ottavio SCOTTI
Costumes : Marcel ESCOFFIER, Piero TOSI
Musique : Anton BRUCKNER
Montage : Mario SERANDREI
Durée : 122 mn
Genre : Drame |
L'histoire :
1866. Venise est secouée par l'action des patriotes italiens qui veulent affranchir la ville de la domination autrichienne. Une manifestation éclate à l'occasion de la représentation du Trouvère de Verdi. Cousin de la comtesse Serpieri, le marquis Ussoni provoque en duel un liuetenant autrichien Malher. La comtesse essaie d'arranger les choses et devient la maîtresse de Mahler. de son côté, Ussoni lui confie une somme d'argent destinée à alimenter une insurrection. Car on apprend que la Prusse est entrée en guerre contre l'Autriche. Or Franz Mahler, qui a peur de la guerre, voudrait se faire réformer. La comtesse lui donne l'argent des patriotes et il se réfugie à Vérone. Elle vient l'y rejoindre et l'y découvre ivre en compagnie d'une femme. Elle va le dénoncer au général autrichien . Il est fusillé à l'ombre des torches.
Critique :
Après l'austérité déchirante de ses trois premiers films néoréalistes en noir et blanc (Ossessione, La Terre trema, Bellissima), Visconti passe à la sensualité et au Technicolor en 1954 pour un pur mélodrame de la passion sur fond de révolution garibaldienne. Trahison politique et esthétique que lui fit payer le public de l'époque. Ce qui le poussera à revenir un temps au noir et blanc et à des sujets plus prolétaires pour ses deux films suivants, Les Nuits blanches et Rocco et ses frères. Senso apparaît pourtant aujourd'hui comme une parfaite oeuvre de transition entre ses drames de la misère sous influence communiste des années 1940 et ses somptueuses tragédies historiques des années 1960 et 1970.
On a reproché à Visconti de condamner les amants en appliquant une grille chrétienne et marxiste. C'est, avec l'élégance inouïe des mouvements de caméra, toute la beauté de ce feu d'artifice.
Jérémie COUSTON, Télérama
L'un des plus beaux films de l'histoire du cinéma. Du grand opéra (il est significatif que le film s'ouvre sur Le Trouvère), une page de l'unité italienne reconstituée avec le soin d'un antiquaire, une passion dévorante et tragique que traduit musicalement la 7ème symphonie de Bruckner, une fin extraordinaire qui nous conduit des rideaux rouges du début aux flambeaux qui éclairent un mur de Vérone sur lequel vient s'écraser une salve qui fait tout basculer dans la nuit. A l'admirable travail de Visconti et de son équipe, il faut ajouter l'interprétation éblouissante d'Alida Valli et de Farley Granger. D'un côté, une beauté fragile, menacée par l'âge et que la passion défigure, celle d'Alida Valli; de l'autre, une beauté qui, l'uniforme enlevé, révèle sa veulerie, celle de Farley Granger. Passé inaperçu à sa sortie, le film est reconnu aujourd'hui comme un chef-d'oeuvre.
Jean TULARD (Guide des Films, Collection Bouquins, Robert Laffont)
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