TEOREMA


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Fiche technique :
Film italien de Pier Paolo PASOLINI
Année : 1968
Avec Terence STAMP (le Visiteur), Silvana MANGANO (Lucia, la mère), Massimo GIROTTI (Paolo, le père), Laura BETTI (la servante), Ninetto DAVOLI (Angelino, le Messager), Anne WIAZEMSKY (Odetta, la fille), Andrés José CRUZ (Pietro, le fils), Carlo DE MEJO (un amant occasionnel de Lucia).
Scénario : Pier Paolo PASOLINI d'après son récit homonyme, publié en 1968 pour Garzanti (Milan) et traduit en français par José Guidi pour Gallimard en 1978.
Photographie : Giuseppe RUZZOLINI
Décors : Luciano PUCCINI
Costumes : Marcella DE MARCHIS
Son : Dino FRONZETTI
Musique : Ennio MORRICONE
Durée : 98 minutes
Genre : Drame
Titre français : Théorème



 





L'histoire :
Un jeune inconnu fait irruption dans la vie d'une famille très bourgeoise résidant à Milan. Tous, à leur manière, sont fascinés par la beauté et le mystère qui se dégage de ce visiteur. La bonne, le fils, le maître de maison, son épouse et sa fille succombent tour à tour à son charme. Ils se livrent à lui corps et âme. Un jour, un télégramme arrive. Le bel inconnu annonce son départ, laissant chacune de ses proies face à la vérité qu'il lui a révélée et qu'il va lui falloir désormais assumer, selon sa personnalité et son courage moral. Ainsi, Emilia, la servante, connaît une violente crise mystique, cependant que le père de famille voit basculer sa raison bourgeoise...




Une famille de la haute bourgeoisie milanaise reçoit chez elle un étrange visiteur. Ami ? Cousin ? Prophète ? Saint ? L'homme transit ses hôtes. La servante funèbre, la mère fatale, le fils fragile, la fille romantique, le père sportif : tous cèdent à son charme. Lorsque l'amant total s'en va, il laisse derrière lui ses proies transfigurées. Crise mystique, délire artistique, dérèglement sexuel : à chacun son symptôme.
A la sortie du film, en 1968, Pasolini révéla la véritable identité du héros, Dieu. Sa question est simple et douloureuse : comment l'homme peut-il créer (des voitures, des sentiments, des enfants, des films) après l'oeuvre grandiose de Dieu, créateur du monde ? Cette parabole éblouissante s'appelle Théorème. Tout y est mathématique, jusque dans l'agencement des plans, le visiteur hypnotique disparaît exactement à la moitié du film ! Pasolini tord le septième art dans tous les sens. Il commence en noir et blanc, puis nous éclabousse de couleurs avec l'arrivée du visiteur salvateur. A force d'expériences, chimiques, sensorielles, sexuelles, il finit par atteindre le sacré, son véritable cheval de bataille, "parce que c'est la part de l'homme qui résiste le moins à la profanation du pouvoir qui est la plus menacée par les institutions"...

Marine Landrot (Télérama)








Visitor Q, par Mathieu Macheret

Sous son manifeste mépris de la belle image – photographie délavée, refus de la composition picturale – sous son apparente négligence, Théorème (Pasolini, 1968) cache une structure de fer, rigoureuse et, finalement, « surcadrée ». Pas la peine de revenir sur le détail du récit – supposé connu – pour la mettre en évidence.
Disons simplement ceci : la famille de grands bourgeois milanais qui se tient au centre du film est d’emblée présentée comme une entité éclatée, prises dans des petites cellules solitaires, engluées dans une image en noir & blanc, et ne trouvant une juxtaposition que par l’artifice du montage. La bonne, le père, la mère, le fils, la fille : cinq électrons libres, isolés dans leur petite saynète, leur petite fiction d’existence. Isolés, car pris en dehors de la maison. L’intérieur, l’espace de la propriété privée les rassemble et la couleur (terne) remplace le noir & blanc. Un ange déchu (Terence Stamp), débarqué chez eux comme une fleur, irradiant un charme magnétique, les réunit autour d’un même désir que tous éprouvent et auquel tous succombent, sans résistance aucune. Puis il part, aussi abruptement qu’il est arrivé, et laisse chacun sur son propre carreau, interloqué, orphelin de sa grâce, tentant de la continuer par des moyens terrestres. Tous sont rendus à leur déconnexion initiale, mais augmentée d’une part de sidération.

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Théorème (Teorema, 1968) est l’adaptation cinématographique par Pasolini de son propre roman, publié la même année.
Un jeune homme angélique visite chaque membre d’une famille bourgeoise milanaise, puis disparaît, les laissant désemparés et enfin conscients de la vacuité de leur existence. Cette visitation sexuelle et amicale les poussera à remettre en question leur mode de vie, sans enrayer un sentiment d’échec et désespoir. La jeune fille amoureuse de son père sombrera dans un état catatonique ; le fils deviendra un artiste moderne raté ; la mère cherchera le salut en s’offrant à des inconnus ; le père donnera son usine à ses ouvriers et, dans le plus total dépouillement – il se déshabille dans une gare – errera nu dans le désert. Seule la bonne de la maison trouvera le salut dans la sainteté. Retournée dans l’exploitation agricole de son enfance, elle accomplira des miracles. C’est le seul personnage qui est touché par la grâce de cette visitation car elle appartient au peuple qui n’a pas perdu le lien avec le sacré et la foi chrétienne. Les membres de la famille, sans aucune conviction religieuse ou idéologique, ne peuvent que s’autodétruire.
Point de salut pour la bourgeoisie. Communiste et militant sans appartenir à aucun parti, habité par les figures de Marx, Freud et Jésus, Pasolini avait développé sa propre pensée, en marge des courants gauchistes de l’époque, convaincu que le Christianisme était une force de résistance contre le capitalisme en Italie. Comme son titre l’indique, Théorème propose une démonstration quasi mathématique sur les mécanismes de la foi et la doctrine du poète cinéaste. Elle sera reçue de diverses manières puisque le film obtiendra un fort retentissement critique lors de sa présentation à la Mostra de Venise, le Prix de l’Office Catholique du Cinéma, mais aussi une condamnation du Vatican et un procès pour obscénité.
Le film représente sans doute l’apogée du « cinéma de poésie » de Pasolini, sublime et sensuel. Les images de cette parabole mystique et politique sont inoubliables, au même titre que ses interprètes, Terence Stamp dans le rôle de l’ange à la beauté mystérieuse, Silvana Mangano dans celui de la mère, Massimo Girotti dans celui du père, Anne Wiazemski dans celui de la fille, et surtout Laura Betti, amie et égérie du cinéaste, bouleversante dans le rôle de la domestique.

Olivier Père (Arte Cinéma)






Teorema by Vincent CANBY published : April 22, 1969 in The New York Times

PIER PAOLO PASOLINI'S "Teorema," which opened yesterday at the Coronet, is the kind of movie that should be seen at least twice, but I'm afraid that a lot of people will have difficulty sitting through it even once. At least there were some who had that problem Friday night when the film was given an unannounced preview at the Coronet, supplementing the regular program, headed by "The Prime of Miss Jean Brodie."
It was a disastrous combination. "Baby Love" is a straightforward, skin-deep narrative movie that elicits conventional responses to familiar stimuli. "Teorema" (theorem) is a parable, a movie of realistic images photographed and arranged with a mathematical precision that drains them of comforting emotional meaning. For the moviegoer whose sensibilities have been preset to receive "Baby Love"—or just about any other movie now in first run here—"Teorema" is likely to be a calamitous and ridiculous experience.
The laughter the other night didn't really bother me—although that sort of laughter always surprises me, the way I'm surprised by audiences who go to all the trouble of getting into a Museum of Modern Art screening of, say, "As You Desire Me," and then giggle at some perfectly respectable but archaic 1932 movie convention. "Teorema" is a cranky and difficult film made fascinating by the fact that Pasolini has quite consciously risked just the sort of response he was given by the Coronet patrons.
To the extent that it has a coherent narrative, "Teorema" is the story of an upper middle-class Milanese family that is suddenly visited by a beautiful young man (Terence Stamp) who systematically proceeds to make love to everyone in the family — father (Massimo Girotti), mother (Silvana Mangano), daughter (Anna Wiazemsky), son (Andres José Cruz Soublette) and even the maid (Laura Betti), in roughly the reverse of that order.
Having provided each member of the household with an apparently transcendental experience, the young man departs, leaving each to collapse in his own way. Because they are materialistic, rich bourgeoisie, their collapses are elegant and terrifying. The daughter withdraws into a catatonic state; the son withdraws into his painting, determined to set up his own rules of esthetics that are so mysterious he cannot be judged; the mother and father seek to repeat their experiences with counterfeits of the young man. However, the maid, the good, decent, believing peasant woman, becomes sanctified.
"Teorema" is not my favorite kind of film. It is open to too many whimsical interpretations grounded in Pasolini's acknowledged Marxism and atheism, which, like Bunuel's anticlericism, serve so well to affirm what he denies. Pasolini has stated that the young man is not meant to represent Jesus in a Second Coming. Rather, he says, the young man is god, any god, but the fact remains that he is God in a Roman Catholic land.
Unlike Tennessee Williams, who toyed with a variation on this theme in much more simplistic terms in "The Milk Train Doesn't Stop Here Anymore" ("Boom" went the movie), Pasolini doesn't load this film with little capsulated messages of purple prose. There is very little dialogue in the movie—923 words, say the ads (but I'm not sure whether this refers to the Italian dialogue or the English subtitles). Even though Pasolini is a talented novelist and poet, the film is almost completely visual. The actors don't act, but simply exist to be photographed. The movie itself is the message, a series of cool, beautiful, often enigmatic scenes that flow one into another with the rhythm of blank verse.
This rhythm—one of the legacies of the silent film, especially of silent film comedy—was impossible for the Coronet audience to accept. The seductions are ticked off one after the other with absolutely no thought of emotional continuity. So are the individual defeats, which are punctuated by recurring shots of a desolate, volcanic landscape swept by sulphurous mists.
There is also a kind of rhythm within the images. Someone seen in right profile is immediately repeated in left profile. An action that proceeds to the left across the screen may be switched 90 degrees, directly away from the camera, or into the camera. Early scenes are in black and white. Later scenes are so muted they almost look like the old Cinecolor process, only to go monochromatic again at the end.
"Teorema" is a highly personal, open-ended movie, and one that is much more interesting to me than Pasolini's earlier "Accatone" and "The Gospel According to St. Matthew." Not the least mysterious thing about it is why the Roman Catholic Church's film reviewing body, the Office Catholique International du Cinéma, originally saw fit to give it a prize, which it later regretted. "Teorema" is a religious film, but I think it would take a very hip Jesuit to convert it into a testament to contemporary Roman Catholic dogma.






Gilles Deleuze sur Théorème de Pasolini, 6 minutes d’intelligence critique cinématographique…











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