Cliquez pour obtenir l'affiche en plus grand format
Retour Filmographie Joseph L. Mankiewicz

A LETTER TO THREE WIVES



Fiche technique :
Film américain de Joseph L. MANKIEWICZ
Année : 1949
Avec Jeanne CRAIN (Deborah Bishop), Linda DARNELL (Lora Mae Hollingsway), Ann SOTHERN (Rita Phipps), Kirk DOUGLAS (George Phipps), Paul DOUGLAS (Porter Hollingsway), Barbara LAWRENCE (Georgiana Finney), Jeffrey LYNN (Brad Bishop), Connie GILCHRIST (Madame Ruby Finney), Florence BATES (Madame Manleigh), Hobart CAVANAUGH (Monsieur Manleigh), Celeste HOLM (Voix d'Addie Ross), Thelma RITTER (Sadie Dugan).
Scénario : Joseph L. MANKIEWICZ, Vera CASPARY d'après l'oeuvre de Curt GOETZ, John KLEMPNER
Musique : Alfred NEWMAN
Directeur de la photographie : Arthur C. MILLER
Montage : J. Watson WEBB Jr.
Directeur artistique : J. Russell SPENCER, Lyle R. WHEELER
Décors : Thomas LITTLE, Walter M. SCOTT
Costumes : Kay NELSON
Durée : 103 mn
Genre : Comédie Dramatique
Titre français : Chaînes conjugales






L'histoire :
Trois amies partent en excursion, délaissant pour l'occasion leurs maris respectifs. Peu avant le départ, l'une d'elles reçoit une lettre d'une quatrième femme que toutes trois connaissent : la seductrice Addie Ross.
Celle-ci déclare avoir profité du départ des trois amies pour partir avec le mari de l'une d'elles, sans préciser lequel.
Durant l'excursion, chacune des trois femmes reverra successivement, aux cours de trois flashback différents, les différentes étapes de sa vie de couple et tentera de comprendre ce qui aurait pu décider son mari à fuir, tout en se demandant si c'est bien de lui qu'il s'agit ou non. Ceci permet à Mankiewicz une étude très critique et très drôle des mœurs américaines (voire universelles) à travers l'évocation du parcours de trois couples aux origines sociales fort différentes.

Critique :
Premier grand succès public de Joseph L. Mankiewicz, ce film est un jubilant jeu de piste dans la mémoire de trois femmes obsédées par la reconnaissance sociale. Addie Ross, la voleuse de mari, dont on entend que la voix, a passé son temps à parsemer la vie des braves épouses d'indices de sa présence : ici un disque, là une robe ou une photographie. Tout l'amusement du spectateur consiste à ramasser ces petits cailloux blancs pour mesurer cet atroce travail de sape et avancer vaillamment dans une intrigue pleine de suspense . Véritables joyaux de morgue et de vivacité, les flash-backs qui retracent le passé du trio de "victimes" pourraient être découpés en trois courts métrages, impeccables et totalement indépendants.
Mankiewicz commence sur un ton très nostalgique, puis sa plume se fait glaçante et ironique. Enfin, le cinéaste devient subitement tendre et raconte l'audacieuse passion d'une jolie femme pour un vieux colosse bougon. Chaînes conjugales n'est pas un banal film à sketchs : c'est un savant pamphlet contre la société américaine, que Mankiewicz clôt par une pirouette qui laisse pantois.
Marine LANDROT (Télérama)


Le film le plus caractéristique du style "Mankiewicz". Tout y est maîtrisé et les paris tenus, dont celui de faire raconter l'histoire par une voix off, celle de l'amie. La satire d'une petite ville et d'un milieu social précis est d'une grande finesse, l'humour ravageur (la maison qui tremble à chaque passage du train), le montage des trois histoires est parfait. Une exceptionnelle réussite qui impose Mankiewicz.
Jean TULARD (Guide des Films, Collection Bouquins)


Modèle de comédie de moeurs. Une construction très habile introduit la notion de suspense dans un domaine où elle est en général absente. Ce suspense n'est pas seulement une habileté dramatique; il va au coeur des problèmes vécus par les trois héroïnes, victimes d'une insécurité psychologique permanente et d'une certaine anxiété quant à la solidité de leurs liens conjugaux. Les cibles principales de cette satire sociale où la verve de Mankiewicz paraït pour la première fois dans toute son acidité et son brillant sont : le snobisme, l'inculture, le rôle prédominant de l'argent dans tous les rouages de la vie sociale et même conjugale. Mankiewicz, plus libre qu'auparavant d'écrire ce qui lui plaît, cède à une certaine verbosité, seul élément à avoir veilli dans cet excellent film, toujours d'actualité (il arrive encore que, lors de son passage sur telle ou telle chaîne de télévision américaine, il soit amputé de la célèbre tirade de Kirk Douglas contre la publicité).
Comme beaucoup de films hollywoodiens, le propos de l'auteur se répercute et est sensible également dans les voix, les visages, les corps et la beauté des actrices. Il suffit, pour comprendre ce que l'auteur veut dire, de contempler le charme juvénile, presque mélodramatique de Jeanne Crain, l'élégance tendue d'Ann Sothern, femme émancipée mais en réalité très dépendante de son mari, la séduction ravageuse de la sublime Linda Darnell, à la fois madone et putain. Elégance suprême de l'emploi de la voix off, seule manifestation tangible de la présence de la voleuse de maris qui croit tirer les ficelles de l'histoire et se retrouve à la fin bredouille. Le verre de champagne qui se brise au dernier plan, accompagné du "Goodbye Everybody" de la narratrice est un trait de génie.
N.B. Le scénario comportait au départ cinq héroïnes (cf. le titre du roman de Klempner, auteur également de la nouvelle qui servit de base au film), Sol C. Siegel et Vera Caspary en retirèrent une. Puis Zanuck avec l'accord de Mankiewocz en enleva encore une autr, une mère obsédée par son ambition pour son fils, rôle qui aurait dû échoir à Anne Baxter. Dans sa biographie très documentée de Mankiewicz "Pictures Will Talk", New York, Charles Scribner's Sons, 1978, Kenneth L. Geist raconte l'anecdote suivante. Pour obtenir la mine de dégoût qu'il souhaitait voir apparaître sur le visage de Linda Darnell quand elle regarde le portait encadré d'Addie Ross, Mankiewicz fit mettre dans le cadre une photo de Preminger costumé en officier nazi (rôle qu'il avait souvent joué). Linda Darnell était en effet très mécontente deux deux films qu'elle venait d'interpréter sous la direction de Preminger Crime passionnel et Ambre, et l'astuce fonctionna parfaitement. Mankiewicz, quant à lui, nie totalement la véracité de l'anecdote et affirme qu'il s'agit d'une pure invention d'un attaché de presse.
Jacques LOURCELLES (Dictionnaire du cinéma, les films Collection Bouquins)


Découvrez d'autres sites sur Chaînes conjugales :

Ciné-Club de Caen
Wikipédia
 


Chaînes conjugales


Retour page Joseph L. Mankiewicz
lien pour les flux RSS
 
Classement de sites - Inscrivez le vôtre!               annuaire        annuaire gratuit lebonclic