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THE STRAIGHT STORY



Fiche technique :
Film américain de David LYNCH
Année : 1998
Avec Richard FARNSWORTH (Alvin Straight), Sissy SPACEK (Rose Straight), Harry Dean STANTON (Lyle Straight), Jane Galloway HEITZ (Dorothy), Joseph A. CARPENTER (Bud), Donald WIEGERT (Sig), Tracey MALONEY (une infirmière), Dan FLANNERY (le docteur Gibbons ).
Scénario : John ROACH, Mary SWEENEY
Directeur de la photographie : Freddie FRANCIS
Musique : Angelo BADALAMENTI
Montage : Mary SWEENEY
Direection artistique : Jack FISK
Décors : Barbara HABERECHT
Costumes : Patricia NORRIS
orris Durée : 111 mn
Genre : Comédie Dramatique
Titre français : Une Histoire vraie






L'histoire :
Comme son titre l'indique, il s'agit bien d'une histoire vraie, celle d'Alvin Straight qui, a soixante-treize ans, après une mauvaise chute, décidé de quitter Laurens, village du nord de l'Iowa, pour retrouver son frère ainé qui vient d'avoir une attaque. Les deux frères sont fachés depuis dix ans. Malgré son état de santé médiocre et après avoir réfléchi à leur contentieux, Alvin décide d'aller voir Lyle dans le Wisconsin et entreprend un voyage de plusieurs centaines de kilomètres par ses propres moyens.

Critique :

Le paradoxe troublant du film : un sentiment d'urgence dans la lenteur. A l'échelle de ce héros romantique contre nature, la vie défile autrement, et tout est transfiguré.
David Lynch filme ici en peintre, cheminant sur les traces d'Edward Hopper, des pionniers, du western. Son film sentimental est simple comme bonjour. mais du sentimental au sentimentalisme, la frontière est mince...
Jacques MORICE (Télérama)

Alvin Straight, vieil homme au crépuscule de sa vie, vivant seul avec sa fille Rose, apprend que son frère, qu'un différend a éloigné de lui dix ans plus tôt, a eu une attaque. Lui-même handicapé par des problèmes de santé, il décide d'aller le rejoindre par ses propres moyens c'est-à-dire une tondeuse à gazon et une remorque. Il devra traverser un état entier, de grands espaces naturels et cultivés au rythme d'une saison (celle des moissons) pour parvenir à une touchante réconciliation fraternelle. Le film débute sur un plan évoquant un tableau de Hooper dont l'oeuvre, pour le sociologue américain Richard Sennett, exprime le "contraste de l'isolement dans la transparence". Cette limpidité, Alvin la personnalise de façon brute en refusant le progrès qui lui permettrait de se soigner et de se mouvoir correctement ou d'utiliser les différents moyens modernes de locomotion pour retrouver son frère. Il désire en effet faire ce voyage "seul" et "à sa façon".
L'intéret du film réside précisément dans cette temporalité particulière qu'Alvin impose à son déplacement. Se faire doubler par des cyclistes, le regard méfiant d'une auto-stoppeuse en fugue, autant de scènes surprenantes et absurdes qui rappellent le cinéma de Tati (Traffic) et de Keaton. Ce contre-pied à la vitesse, au cinéma traditionnel américain, est très habilement mené parce que personne n'est "dépassé" : l'auto-stoppeuse rattrape, en marchant, Alvin qui rattrape avec sa tondeuse les cyclistes, chaque journée se terminant au coin d'un feu de bois, à se retrouver et discuter. Le road movie classique, celui né d'une fuite, d'une poursuite (Bonnie and Clyde, Sailor et Lula)ou de la recherche d'un ailleurs (Les Raisins de la Colère) correspond au mal-être ou à l'affolement des protagonistes. Commencini, dans Le Grand Embouteillage, appuie de façon corrosive la détresse de quelques personnages révélée par un embouteillage, la stagnation et l'immobilité imposant la résurgence de l'angoisse, le retour contraint à se faire face.
Dans l'histoire "droite", "vraie" ou celle de Straight, il s'agit au contraire d'harmonieusement associer le rythme temporel du voyage avec la contemplation de la nature, la chaleur des différentes rencontres qui le ponctuent et la quête d'une sérénité intérieure. Un drame vécu pendant la Seconde Guerre Mondiale a rendu Alvin alcoolique, violent et isolé. Ces traumatismes vont être exorcisés par le souvenir et la conversation et à l'issue du voyage Alvin peut alors admirer avec son frère la beauté d'un ciel nocturne constellé d'étoiles. Ce parcours spatial, temporel et intérieur aboutit à la réconciliation avec soi, avec l'amour fraternel et pour le spectateur avec une haute idée du cinéma.
Le Webmaster (Fluctuat.net)

Tourné juste après Lost highway, Une histoire vraie semble être aussi limpide que Lost highway était complexe. Semble seulement... Car si Lynch présente là une "histoire vraie", tirée d’un fait divers, on retrouve tout de même la patte lynchienne : la maison d’Alvin rappelle celle du jeune homme de Blue velvet, l’homme et ses pensées sont encore une fois au centre du film, les couleurs et la musique enivrent. Pour la première fois, ce n’est pas David Lynch qui écrit le scénario mais sa compagne Mary Sweeney. L’histoire est celle d’un vieil homme qui décide de partir retrouver son frère malade à l’autre bout du pays. Comme il n’a pas son permis de conduire et qu’il souhaite être indépendant, il fait le trajet sur sa tondeuse à gazon !
Mise en scène subtile, prises de vues sublimes, sentiments humains émouvants, David Lynch prouve avec Une histoire vraie (et précédement Elephant man) que son cinéma sait être humaniste. On suit Alvin tout au long de ce road-movie au ralenti et de son cheminement intérieur. Peu de paroles dans ce film, mais des regards, des situations "vraies", une formidable solidarité, des acteurs bouleversants, en particulier Richard Farusworth (Alvin). La route, déjà omniprésente dans Lost highway, noire et violente, comme les pensées des protagonistes revient apaisée, accueillante, filmée au rythme de la tondeuse (5 km/heure).
Provocateur, David Lynch l’est et le reste. Quel réalisateur pourrait se permettre de tenir son public en haleine pendant près de deux heures avec un film lent, sans autre histoire que celle d’un vieillard un peu original ? Lynch réussit ce pari et le réussit bien, il flotte après la vision d’Une histoire vraie un sentiment de douceur et de réflexion intérieure...
Laurence MOREL (A voir, A lire)

Comme tous les grands artistes, David Lynch n’est jamais au rendez-vous. La ponctualité, cette tournure à la mode, lui est inconnue. Comme aussi les lieux communs où tout le monde se retrouve. David Lynch est toujours ailleurs et en avance. Il se moque de mettre les pendules à l’heure ou les points sur les i. A la rigueur, comme cinéaste, il se contente de mettre les choses au point. Ca fait des films à contre-courant -pas branchés donc- et donne à celui qui les voit des réserves pour résister. En avance, le cinéaste l’était carrément avec son précédent film, Lost highway, bande de cinéma à la fois cérébrale et physique, condensé violent des obsessions de l’auteur dans une forme déroutante et quasi expérimentale. Une avance dans l’art du cinéma à coup sûr : quand celui-ci est sans cesse meurtri par les faux enjeux des technologies dites du futur, Lynch propose un imaginaire qui prend acte des avancées de l’image sans conscience. Un imaginaire, pas un concept publicitaire.br /> Une manière de voir Une Histoire vraie serait de le considérer comme un film en demi-teinte par rapport à Lost highway. Après une œuvre novatrice faite de fureur et de vitesse, Lynch proposerait un temps d’arrêt, une pause salutaire avec un film plus lent et plus léger. C’est passer à côté de ce dernier opus et réduire considérablement la portée du précédent. C’est oublier qu’entre la vitesse et la lenteur, il n’y a qu’une différence de degré. Les deux sont du mouvement et du temps, préoccupations premières du cinéma. Une Histoire vraie n’a rien d’un film mineur dans l’œuvre de Lynch. Au contraire, il est de ces œuvres décalées qui révèlent le cœur d’un créateur, ses sources intimes qui deviennent soudain plus accessibles parce qu’elles ne se perdent pas dans la démesure d’un projet, mais se devinent à fleur de plan.
Inspiré d’un fait divers, comme l’indique bêtement le titre français -qui a échoué dans sa tentative de "rendre" le jeu de mots du titre américain-, Une Histoire vraie ne s’attache qu’en apparence à reproduire la véracité des faits. Lynch, conformément à ses films antérieurs, vise plutôt la création d’un monde, l’invention d’un univers de signes et de sons qui s’accordent à l’état d’esprit de son héros, Alvin Straight, vieil homme de 73 ans décidé à parcourir plusieurs centaines de kilomètres à bord d’une tondeuse à gazon pour rejoindre son frère malade. Ce qui apparaît, à mesure que le film avance -et Alvin bien sûr-, c’est la dimension universelle de son histoire, en même temps que son inscription dans une histoire de l’Amérique dont on a un peu perdu le fil au cinéma depuis la mort du western. En effet, la première qualité du film est peut-être sa force à rendre compte de paysages oubliés, de visages rarement vus, et de rappeler, sous une forme douce et berçante, l’étendue physique du territoire américain. A voir ce voyage d’Alvin, on se dit que les road-movies de ces dernières années -à part peut-être Un Monde parfait de Clint Eastwood- montrent peu les contrées qu’ils traversent. Il est indéniable que ce portrait de l’Amérique rurale, qui se traduit par une photographie magnifique, est indissociable des sources plastiques bien connues de Lynch : Edward Hopper ou Norman Rockwell. Cependant, ces influences ne sont jamais coupées de ce que raconte le film : comment un vieil homme s’impose un voyage difficile pour retrouver sa mémoire et se réconcilier avec lui-même.
Le vrai sujet du film, c’est le temps : le temps qu’il faut pour aller d’un point à un autre, le temps qu’il fait quand on voyage, le temps qu’on passe pour retrouver ses souvenirs, sa mémoire. On pourrait trouver un titre proustien à ce dernier film de Lynch, motif inversé de Lost highway : "La Route retrouvée". Une des plus belles scènes du film met en présence Alvin et un ami de hasard croisé sur sa route : les deux vieillards boivent une bière au comptoir d’un pub et évoquent chacun leurs souvenirs d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. A la fin de la séquence, ils pleurent. On voit alors la grande force de Lynch qui réussit dans un dispositif aussi réduit à émouvoir davantage que l’armada de Spielberg en deux heures et plus de son soldat Ryan. Rarement un film aura été aussi près du cœur de son personnage et aussi loin des préoccupations commerciales à l’origine de tant de cinéma aujourd’hui. Contre la menace fantôme, la paix des étoiles.
Frédéric BAS (ChronicArt)

Avec ses personnages âgés, sa lenteur tranquille, ses à-plats rupestres, Une Histoire vraie semble nous emmener loin du Lynchland. Mais semble seulement : David Lynch signe en fait un faux film pépère et vrai ovni d'une étrangeté dépouillée.
Comme Lost highway, The Straight story (Une Histoire vraie) est d'abord l'histoire d'une idée fixe. Et de sa lente et difficile réalisation. Que ce soit aussi "une histoire vraie" ­ comme le claironne haut et fort le très imaginatif et très pertinent titre français ­ n'est finalement qu'accessoire. Cinéaste de l'ambivalence, David Lynch sait que la vérité n'est souvent qu'une question de point de vue. Et il a déjà démontré qu'une histoire à la Capra pouvait vite se teinter de Jérôme Bosch (Blue velvet, Twin Peaks), et inversement (Sailor et Lula). Avec The Straight story, Mary Sweeney et John Roach ont apporté à Lynch l'occasion d'un renouvellement en forme d'approfondissement. Alors que Lost highway était une plongée stridente dans le trou noir d'une conscience malheureuse et épousait la forme d'une boucle sans fin à la Möbius, The Straight story se présente comme un film d'une lumineuse simplicité, tellement straight qu'il en oublierait d'être weird. C'est que l'histoire vraie d'Alvin Straight ­ qui a fait plus de 500 kilomètres juché sur sa tondeuse à gazon pour retrouver son frère Lyle avec qui il était fâché depuis des années ­ est suffisamment étrange pour que Lynch n'éprouve pas le besoin d'en rajouter une couche. Comme celle tout aussi vraie de John Merrick, The Elephant man, s'accommodait fort bien du style classique et sentimental qu'avait adopté Lynch pour la traiter. Quand la "vraie vie" lui fournit des anecdotes à mélodrames qu'il n'aurait jamais rêvé inventer, Lynch a le bon goût de laisser sa propre imagerie de côté, celle-ci n'étant qu'une exagération luxuriante et inspirée de ce qu'il devine de secret et tordu derrière les apparences normatives devenues autant de clichés de consommation. Loin des icônes souillées, The Straight story est donc un film sobre et retenu. Mais qui démontre aussi que chez Lynch l'étrangeté ne sort par la porte du fantastique que pour mieux rentrer par la fenêtre du quotidien.
Cette histoire extraordinaire vécue par un homme banal commence et s'achève dans les étoiles. Comme si celles-ci avaient enregistré l'absence de Lyle dans la contemplation céleste d'Alvin et n'avaient de cesse de voir les deux frères à nouveau réunis, leurs quatre yeux pointés vers elles, comme avant, comme quand Caïn et Abel étaient encore amis. Dès la première image, Lynch se place donc dans un registre tendrement cosmique et indique que ce n'est pas seulement la tranquillité d'esprit d'Alvin qui dépend de sa réunion avec Lyle, mais le sort de l'univers tout entier. En bon auteur de mélodrames, Lynch joue de l'agrandissement (le lyrisme des plans généraux sur le paysage) et du rétrécissement (la caméra collée aux bandes jaunes) du champ de l'action, une fois vaste comme le monde, une fois réduit à une portion de route de l'Iowa. Et le film de commencer à la fois comme un hymne aux lois secrètes de l'univers, un "travelogue" pour la salle Pleyel consacré aux moissons du Midwest, un film américain d'autrefois sur l'immobilité forcément un peu trompeuse d'une bourgade perdue, et un "pur film de Lynch". Une fois arrivés à la pelouse trop verte et à la dame trop grosse qui mange des sucreries trop roses, nous sommes en terrain connu, en terrain lynchien. D'autant que la première perturbation (un choc sourd suivi d'un cri vite étouffé) s'entend par la fenêtre mais n'est pas montrée. On se souvient alors de l'oreille coupée du début de Blue velvet. Alvin n'est pas à l'heure au rendez-vous quotidien des petits vieux, cette absence est inquiétante, il lui est arrivé quelque chose. S'ensuit la prise de conscience que l'heure est venue d'entamer le dernier voyage.
Dans toute cette première partie du film, qui va de l'accident d'Alvin à son second départ sur une "nouvelle" machine, Lynch documentariste s'amuse à filmer un ainsi, une littéralité de faits et de gestes minuscules. Sans méchanceté, mais sans complaisance non plus, il enregistre les us et coutumes des indigènes de Laurens, Iowa. Et paraît découvrir qu'il n'a pas besoin d'inventer une "femme à la bûche" ou des bois mystérieux peuplés de hiboux pour tirer son film vers un burlesque angoissant, que les aventures du langage suffisent amplement à mesurer l'étendue des particularismes locaux, baignés de folie douce et d'absurdes quiproquos. C'est d'autant plus amusant que Lynch parsème son observation de signaux de reconnaissance qu'il se garde bien d'activer : les chiens qui traversent la rue n'ont pas de main humaine dans la gueule (Sailor et Lula), le tuyau d'arrosage ne se transforme pas en serpent frappeur (Blue velvet), et le brave concessionnaire John Deere a les traits du Ed Hurley de Twin Peaks (Everett McGill) sans en avoir les soucis. Comme le Savannah d'Eastwood dans Minuit dans le jardin du Bien et du Mal, le Laurens de Lynch est un microcosme clos sur lui-même où l'étrange est tellement bien partagé qu'il n'a plus guère besoin de se manifester. Inutile d'en gratter la croûte ou d'en creuser l'image, c'est un Twin Peaks qui n'a rien à cacher, une nature morte qui se répand au grand jour, une réserve sans pulsions souterraines, une surface plane qui n'en finit pas d'onduler sous la brise sans jamais rien révéler. Ce qui ne signifie pas qu'on n'y souffre pas, comme Rosie privée de ses enfants, et que les puissances telluriques n'y envoient pas leurs impérieux messages, comme quand la lumière d'un éclair vient frapper Alvin au moment de l'annonce de l'attaque cardiaque de Lyle. Mais si Alvin reprend la route, c'est que la guérison est à chercher ailleurs, vers l'état d'enfance.
Entre odyssée du quotidien et épopée de proximité, The Straight story est l'histoire d'un homme qui quitte sa vieillesse figée pour retrouver le représentant de sa petite enfance. Et mourir apaisé. Mais ce voyage au-delà du fleuve est aussi l'occasion pour Lynch de rompre net avec le cinéma dominant à effets voyants pour adolescents décérébrés. Avec un vieillard comme héros, et l'éloge de la lenteur comme constante, le film trouve son rythme et se fait spectacle en fluidifiant ses à-coups. Composé d'innombrables fondus enchaînés, fondus et ouvertures au noir, il ne cesse de varier sans se départir de sa ligne, à l'image de son héros qui opère par petits coups de volant successifs pour tenir sa route. Fait d'envolées soudaines et de surplaces saisissants (la séquence des souvenirs de guerre), de larges plans omniscients où la musique enfle et de caméra subjective (la grange brûlée), The Straight story mérite moins son titre qu'il n'y paraît. Si le vecteur reste le même de bout en bout, Lynch ordonne autour de lui tous les possibles du cinéma, des scènes cathartiques, avec l'auto-stoppeuse enceinte ou les jumeaux mécaniciens, à la seule évocation orale et sonore de souvenirs d'autant plus douloureux qu'ils sont profondément enfouis en passant par un sens de l'observation des êtres humains qui rapproche Lynch d'un Pialat américain idéal. Comme toujours chez Lynch, The Straight story est un film-concept qui se nourrit de sa mise en oeuvre. Et qui s'autorise ainsi les détours les plus incongrus. De ce point de vue, la scène de la "femme aux daims" ­ et ses conséquences immédiates (la viande avalée sous le regard accusateur d'animaux statufiés) ­ est une merveille de décalage, traitée comme telle mais aussitôt engloutie dans la vision d'ensemble. Aussi buté que son héros, et finalement aussi ouvert que lui à la rencontre et à la digression, le film excelle dans le changement d'échelle et de registre, comme si le traitement frontal et linéaire d'un mélodrame qui aurait pu n'être qu'édifiant avait fini de libérer Lynch pour le pousser à toujours plus d'audace.
Frédéric BONNAUD (Les Inrocks.com)

Comme le laisse entendre le jeu de mots du titre original, The straight story est non seulement l’histoire vraie d’Alvin Straight, vieillard parti sur les routes avec les moyens du bord pour retrouver son frère, mais aussi une histoire “droite” (straight), aussi linéaire et paisible que Lost highway, le précédent film de David Lynch, était tortueux et névrosé. Le cinéaste semble laisser de côté ses obsessions pour s’adapter à la tonalité d’un récit d’une simplicité exemplaire, qui défie les règles du cinéma hollywoodien par son absence presque totale d’enjeux dramatiques. Ce road movie du troisième âge avance à un rythme de tortue et les quelques micro-événements qui le parsèment prennent une importance inattendue. C’est là que réside l’étrangeté de ce film, finalement aussi “lynchien” que les autres – la différence étant que le décalage naît d’un quotidien dédramatisé, pas de l’esprit malade des personnages ou d’une atmosphère sophistiquée. C’est en peintre contemplatif, attentif à chaque détail, que Lynch filme cette lente traversée des champs de céréales du Midwest. Un déchirant voyage dans l’Amérique de Steinbeck et de John Ford, revue de manière sensible et décalée, avec en fond la musique émouvante d’Angelo Badalamenti. On ne peut passer sous silence l’interprétation de Richard Farnsworth qui, avec ce film sorti peu de temps avant sa mort, terminait de manière bouleversante une carrière commencée soixante ans plus tôt dans les westerns.
(Arte)

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