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TWIN PEAKS



Fiche technique :
Film américain de David LYNCH
Année : 1991
Avec Harry Dean STANTON (Carl Rodd), David BOWIE (Phillip Jeffries), Moira KELLY (Donna Hayward), Sheryl LEE (Laura Palmer), Ray WISE ( Leland Palmer), Chris ISAAK (Agent Chester Desmond), David LYNCH (Gordon Cole (Agent du FBI), Heather Graham (Annie BLACKBURN), Pamela Gidley (Teresa Banks ), James Marshall (James Hurley), Kyle MAC LACHLAN, , Kiefer SUTHERLAND.
Scénario : David LYNCH, Robert ENGELS, Mark FROST
Directeur de la photographie : Ronald Victor GARCIA
Musique : David LYNCH, Angelo BADALAMENTI
Montage : Mary SWEENEY
Costumes : Patricia NORRIS
Ingénieur du son : David LYNCH
Durée : 135 mn
Genre : Policier
Titre français : Twin Peaks






L'histoire :
La mort mysterieuse de Teresa Banks dans la tranquille petite ville de Twin Peaks va donner bien du fil a retordre aux agents Dale Cooper et Chester Desmond qui vont mener une enquete en forme de charade et decouvrir que bien des citoyens de la ville sont impliqués dans cette affaire. Un an plus tard, ce sont les sept derniers jours de Laura Palmer, qui se termineront par la mort brutale de cette dernière annonçant ainsi le début de Twin Peaks, le soap opera.

Critique :

Le succès remporté par le feuilleton culte de David Lynch est à l'origine d'un malentendu : il serait possible de décoder le film sans avoir vu la série télévisée. Or, on peut tout ignorer du casse-tête qui a ravi les téléspectateurs et goûter la déconcertante structure de ce layrinthe hanté par les forces maléfiques où rodent anges, diables, rêves macabres et souvenirs de Dracula et de Lolita. Musique hypnotique d'Angelo Balamenti.
Jean-Luc DOUIN (Télérama)

En 1992, David Lynch est au sommet de sa carrière après avoir connu la reconnaissance des critiques (sa Palme d’or pour Sailor et Lula), ainsi que celle du public qui fait un triomphe à sa série télévisée Twin Peaks. Du coup, la récente société de production cinématographique de Francis Bouygues, Ciby 2000, lui propose un contrat de financement pour ses prochains films. Lynch se retrouve donc dans l’idyllique situation où il peut tourner ce qu’il veut, sans avoir à subir une censure économique. Il s’attèle alors à la réalisation d’une "préquelle" à sa série tant appréciée et signe un scénario biscornu qui raconte les derniers jours de l’héroïne Laura Palmer. Le résultat final, présenté en grande pompe au festival de Cannes, désarçonne la critique (plutôt unanime dans son rejet du film), ainsi que le public qui s’attendait à une oeuvre plus conventionnelle.
Or, David Lynch ne cherche à aucun moment à brosser le spectateur dans le sens du poil et signe sa première oeuvre semblant avancer en roue libre et brisant un certain nombre de conventions cinématographiques. Il nous prévient dès les premières images où l’on assiste à la destruction d’un écran de télévision, symbole d’une volonté de rupture par rapport à la série d’origine. Ensuite, le métrage se situe pendant une bonne demi-heure dans la bourgade très inhospitalière de Deer Meadow, parfait négatif de l’accueillante Twin Peaks dont les personnages principaux n’apparaissent que très tardivement. Dès la première énigme, présentée par une femme au manteau rouge, Lynch nous indique que son oeuvre sera un jeu de piste où le spectateur devra chercher des symboles, mais où de nombreux éléments resteront sans réponse puisque le monde est un mystère.
De manière évidente, l’auteur tient à bouleverser les règles traditionnelles du cinéma en dynamitant la narration et en créant des interférences venues d’un autre monde. Il nous invite surtout à toujours aller au-delà de la surface des choses - la banlieue américaine au décor aseptisé cache ainsi des dysfonctionnements terriblement humains ; les êtres présentent tous une double facette que le cinéaste nous dévoile à de nombreuses reprises en nous forçant à scruter derrière leur rassurant masque social (l’enfant et son masque blanc entre autres). Mais le plasticien qu’est Lynch va beaucoup plus loin en créant un cinéma de l’immersion totale : se jouant de la surface plate de l’écran, il sculpte l’image de façon à nous plonger au coeur d’une oeuvre en trois dimensions. La séquence la plus symbolique intervient lorsque la caméra pénètre à l’intérieur d’un tableau et révèle ainsi un monde insoupçonné. Pour Lynch, cette immersion totale du spectateur dans l’oeuvre passe également par le son, magnifiquement travaillé ici pour nous faire vivre de grands moments de frousse et d’angoisse. Ces vibrations sonores s’insinuent en nous et provoquent un malaise persistant durant toute la projection.
Poète formaliste plus qu’intellectuel, Lynch brasse également un nombre impressionnant de références culturelles qu’il détourne de leur signification première pour les amener à illustrer son propre univers : le catholicisme apparent (l’opposition entre un univers maléfique et angélique), les différents éléments tirés de la psychanalyse freudienne (le refoulement lié à un événement traumatique que nous ne pouvons pas dévoiler) ne sont que des symboles illustrant une oeuvre aux forts relents de paganisme. Ainsi, le personnage de Laura Palmer connaît une forme de rédemption grâce à un ange dont on a peine à croire qu’il représente vraiment le paradis. Modestement, Lynch pratique également l’auto-citation en recyclant certains éléments déjà présents dans ses oeuvres précédentes (la métaphore du feu de Sailor et Lula, la pièce aux rideaux rouges déjà entrevue dans Eraserhead et la chronique pernicieuse de la vie de banlieue de Blue velvet). Au final, Twin Peaks : fire walk with me est un métrage inconfortable, déstabilisant et profondément original qui inaugure les futurs délires d’un réalisateur décidément insaisissable. Accompagné d’une musique bouleversante d’Angelo Badalamenti, cet opus, voué aux oubliettes lors de sa sortie, est devenu au fil du temps un film culte par la puissance évocatrice de ses images et par l’empreinte indélébile qu’il laisse dans le cerveau de ceux qui tentent l’expérience.
Virgile DUMEZ (A Voir, A lire)

Lynch propose dans "Fire walk with me" une longue introduction inédite et préalable au sort fatal de Laura Palmer au travers de l’enquête du meurtre d’une autre lycéenne, Teresa Banks. La disparition énigmatique de celle-ci, avant d’intéresser le fameux Agent Dale Cooper (Kyle MacLachlan), interpelle le Spécial Agent Chester Desmond (Chris Isaak) affublé de son acolyte Sam Stanley (Kiefer Sutherland, futur Jack Bauer de la série « 24h », c’est bien lui !). David Lynch introduit ainsi dès le départ du film de la nouveauté et y fait montre d’une sorte de résumé de toute la fulgurance de son cinéma. Le son tout d’abord, omniprésent et qui dessine les ambiances, l’étrangeté des caractères et des personnages (notamment Lil, la danseuse freak en tailleur fluo dont chaque grimace est source de renseignements infinis, David Bowie, homme venu d’ailleurs) et des dialogues où pointe régulièrement un humour pince-sans-rire en accointance avec le surréalisme de certaines situations. David Lynch est un observateur fin reproduisant dans ses films les bizarreries les plus saillantes de ses congénères, toujours sur un fil qui sous-tend le déséquilibre entre rire et angoisse. Ne serait-ce que les moqueries étouffées de la secrétaire qui « accueille » l’ Agent Chester Desmond faisant face à l’adjoint du Shérif, monstre de mauvaise foi et d’arrogance masculine, en dit long sur l’acuité de Lynch à scruter et à s’inspirer de ce que l’on a peut-être tort de nommer « ordinaire ». Pour Lynch, au contraire, tout est définitivement source d’extraordinaire et d’étrangeté. Il tire de l’anodin: inquiétudes, prémonitions, peurs, imprégnant chaque scène de ce sceau. Si "Fire walk with me" atteint, de ce point de vue, des sommets puis, se conclut par l'irruption de violences tétanisantes (nombreux sont ceux qui ne « peuvent » pas voir un film de Lynch), l’occasion de revoir ce film permet de réaliser combien le cinéaste concentre une part de tous les autres : dans Lynch, il y a du Kubrick, du Kaurismaki, de l’Almodovar, du Fellini, du Bunuel, du Fassbinder et bien d’autres encore. Cependant entre tous, il est certainement celui qui est allé le plus loin dans la projection d’un espace mental aussi singulier, saisissant littéralement l’attention du spectateur dans le but de le perdre sans jamais le lâcher. Lynch nous force toujours à l’acceptation de son univers le plus effrayant car aux détours de ses obsessions et de cette expressivité quasi autistique, il prouve en permanence son humanité la plus profonde.
Olivier BOMBARDAa (Arte)

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