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LOLITA



Fiche technique :
Film britannique de Stanley KUBRICK
Année : 1962
Avec James MASON (Humbert Humbert), SUE LYON (Lolita Haze), Shelley WINTERS (Charlotte Haze), Peter SELLERS (Clare Quilty), Diana DECKER (Jean Farlow), Jerry STOVIN (John Farlow), Suzanne GIBBS (Mona Farlow), Gary COCKRELL (Dick), Marianne STONE (Vivian).
Scénario : Vladimir NABOKOV, d'après son propre roman
Directeur de la Photographie : Oswald MORRIS
Montage : Anthony HARVEY
Musique : Nelson RIDDLE
Thème de Lolita : Bob HARRIS
Directeur artistique : William ANDREWS
Son : H.L. BIRD, Len SHILTON
Compagnie de production : Seven Arts/Anya/Transworld
Producteur : James B. HARRIS
Distributeur : Metro-Goldwyn-Mayer
Durée : 115 mn
Genre : DRame




L'histoire :
Humbert Humbert pénètre dans la demeure de l'écrivain de télévision Claire Quilty et le tue. Il se souvient alors de ses quatre dernières années. Professeur de littérature française il loue une chambre pour l'été dans la New Hampshire chez une veuve snob, Charlotte Haze, dont la fille Lolita l'attire irrésistiblement. Il épouse la mère pour se rapprocher de la fille mais, lorsque Charlotte apprend la vérité, en lisant son journal intime, elle se jette sous une voiture. Humbert va chercher Lolita dans un camp de vacances où l'avait envoyée sa mère et la conduit dans l'Ohio où il doit enseigner et où il l'inscrit dans une école privée. Il découvre qu'elle profite de ses activités dans la troupe dramatique pour rencontrer un autre homme. Il l'emmène dans un voyage en voiture à travers la pays tout en se sentant suivi par un inconnu. Tous deux tombent malades et une nuit Lolita disparaît de l'hôpital. Quelques années plus tard, Humbert reçoit une lettre de Lolita. Elle est enceinte et mariée à un jeune travailleur manuel. Il lui rend visite et elle lui avoue qu'elle a toujours fréquenté Quilty, même avant leur rencontre : c'est lui qui les a suivis et qui s persécuté Humbert. Elle refuse de partir avec Humbert, il lui donne de l'argent et va tuer Quilty. Un épilogue nous informe que Humbert est mort d'une crise cardiaque en prison.

Critique :
Pas le meilleur film de Kubrick. Certains cièrent même à la trahison, même si Nabokov a lui-même adapté son roman à l'écran. Sue Lyon paraît trop mûre pour le rôle, l'érotisme de l'oeuvre originale a été affadi, Peter Sellers est trop envahissant, la satire de l'Amérique un peu conventionnelle. Mais Lolita a ses partisans : "Grand film incompris" dit Michel Ciment par exemple, Lolita laisse indécis et par conséquent déçoit. L'excuse de Kubrick tient au contexte de l'époque et à une censure encore vigilante.
Jean TULARD (Guide des Films, Collection Bouquins).

Attention les yeux : Stanley Kubrick regarde une femme. Une femme-enfant, certes, mais au corps de femme, corps en bikini lascivement posé sur un joli gazon américain. L'image, tirée de la prose suave de Nabokov, a été galvaudée depuis. Telle quelle, elle est déjà un rien vulgaire, un rien kitsch, un rien bon marché. Le cheap et le kitsch sont chez eux dans tous les films de Kubrick, magnifiés parfois jusqu'à la boursouflure. Au moment de tourner Lolita, Kubrick n'est pas encore l'Artiste. Pigiste de luxe sur Spartacus, paria à Hollywood, il part en Angleterre contourner la censure qui vibrionne autour du roman "sulfureux" de Nabokov. Loin de défier l'écrivain, joueur d'échecs comme lui, en renchérissant sur l'érotisme (d'où le caractère "décevant" de son adaptation), Kubrick attaque sur son propre terrain. Par le regard formidablement détraqué de James Mason passe un mélange détonant de lubricité et de panique. La seconde partie du film, road-movie hanté par le spectre de Peter Sellers, et même l'outrance du finale sont en germe dans ce regard. La seule image d'une nymphette guettée par un homme mûr suffit à démolir l'Amérique moyenne idyllique de Norman Rockwell, paradis fifties déjà frelaté. Le dérangement d'Humbert Humbert exhale un parfum d'Europe décadente. Cette touche-là, après le tonitruant Folamour, le cinéma de Kubrick la noiera dans de grandes entreprises artistiques. L'homme s'isole, les films se satellisent. Eyes Wide Shut tente de retrouver l'étincelle, le tremblement. De nouveau, Kubrick regarde une femme. Trop tard, tout est splendide, tout est figé. Seul trait vif, la fille du marchand de costumes, petite soeur de Lolita. On dit que Lolita est le film que préfèrent ceux qui n'aiment pas Kubrick. En omettant de répéter que c'est un grand film tout court, un peu artiste, un peu vulgaire, un peu raté, mais complètement électrique.
François Gorin (Télérama)


             

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