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Fiche technique :
Film américain de John HUSTON
Année : 1951
Avec Humphrey BOGART (Charlie Allnutt), Katharine HEPBURN (Rose Sayer), Robert MORLEY (Samuel Sayer), Peter BULL (le capitaine de la Louisa), Theodore BIKEL (l'officier de la Louisa), Walter GOTELL (le 2e officier de la Louisa) Gerald ONN (le sous-officier de la Louisa), Peter SWANICK (le 1er officier de la Shoona), Richard MARNER (le 2e officier de la Shoona).
Scénario : James AGEE, John HUSTON et Peter VIERTEL d'après le roman de C.S. FORESTER
Musique : Allan GRAY
Photographie : Jack CARDIFF
Son : John MITCHELL
Montage : Ralph KEMPLEN
Direction artistique : Wilfred SHINGLETON
Costumes : Connie DE PINNA
Durée : 105 minutes
Titre français : L'Odyssée de l'African Queen
Date de sortie aux Etats-Unis : 23 décembre 1951
Genre : Aventures |
L'histoire :
En 1914, Charlie Allnutt, un baroudeur canadien, fait le coursier avec son bateau l'African Queen sur une rivière du continent africain pour le compte d'une exploitation minière belge. Dans un village reculé au bord de la rivière s'est établie une congrégation anglicane tenue par le révérend Samuel Sayer secondé par Rose, sa sœur quadragénaire et célibataire. Leur seul contact avec l'Empire britannique est le passage régulier de Charlie. Un jour, celui-ci leur apprend incidemment que la guerre est déclenchée. Sur ces entrefaites, Samuel et Rose sont surpris par l'arrivée intempestive de l'armée allemande venue réquisitionner les habitants. Le village incendié par l'ennemi provoque chez Samuel un grave traumatisme dont il meurt. Rose n'a plus qu'à quitter les lieux en compagnie de Charlie dont les employeurs ont aussi subi l'assaut allemand. Seuls à bord de l'African Queen et voulant donner un sens à leur fuite, ils se fixent alors un but : descendre la rivière jusqu'au lac plus en aval pour torpiller un bateau allemand qui s'y est posté, bloquant le passage de la flotte britannique qui pourrait venir rétablir l'ordre. Au cours de cette aventure, ils vont se découvrir, se rapprocher et s'aimer, lui le marin bourru et elle la vieille fille coincée.
Critique :
On ne raconte plus l'histoire de ce huis clos en rafiot, mettant un marlou dipsomane aux prises avec une vieille fille anglaise, sur une rivière d'Afrique infestée de crocodiles, pendant la Première Guerre mondiale. On ne parle pas non plus du tournage éprouvant en décors réels, qui vit la moitié de l'équipe atteinte de malaria et de dysenterie, et durant lequel John Huston et Humphrey Bogart battirent leur record de consommation alcoolique. Une fois ces données mythiques acquises, le film apparaît surtout comme un document étonnant sur deux acteurs décidés à baisser la garde. Le plus émouvant, dans ces images de navigation chaotique, c'est de voir que ni Humphrey Bogart ni Katharine Hepburn ne font semblant de croire à leur improbable histoire d'amour. De cette franchise naît un abandon de soi des plus touchants. Bogie ne prend plus jamais la peine de cacher ses incisives avec ses lèvres marmonnantes, et Katharine Hepburn se contrefiche de jouer les poulpes roses en agrippant ses maigres gambettes sur la coque du bateau. Captée dans sa mouvance tourmentée, avec une rigueur documentaire inhabituelle pour l'époque, la nature déploie des trésors de véracité. Elle est sans doute la véritable héroïne de ce film changeant comme une rivière, dans lequel tour à tour on s'embourbe ou se laisse porter par le courant. Où l'apnée procure les sensations les plus envoûtantes : inoubliables sont les courtes séquences de réparation sous-marine, où le couple nage dans les herbes aquatiques, comme celui de L'Atalante, de Jean Vigo.
Marine LANDROT (Télérama)
Un film de guerre ? Un film d'aventures exotiques ? Une histoire d'amour ? African Queen est tout cela et autre choses. Et, pour la première fois, les deux héros échappent à la fatalité de l'échec qui pesait sur les personnages précédents de John Huston. Admirable interprétation de Bogart et d'Hepburn, et extérieurs filmés en Afrique.
Jean TULARD (Guide des Films, Collections Bouquins, Robert Laffont)
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