L'histoire :
Pour hériter de sa femme qui va le quitter, un machiavélique époux tente de la faire assassiner par un homme qu'il fait chanter. Mais c'est l'assassin qui est tué et l'épouse accusée du meurtre.

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Critique :
La scène est à jamais célèbre : Grace Kelly, assaillie dans son appartement par un tueur (payé par son mari), saisit à tâtons une paire de ciseaux qu'elle plonge dans le dos de son agresseur... Le film fut tourné en relief, mais a rarement été projeté ainsi, en France du moins. Tournage rapide (trente-deux jours) durant lequel Hitchcock, qui détestait aérer artificiellement les huis clos, s'efforça au contraire d'accentuer le côté théâtral de la pièce de Frederick Knott (celui-ci écrira plus tard un autre succès, Seule dans la nuit). Ainsi le procès de Grace Kelly est-il filmé sur un fond neutre, avec des lumières tournoyant derrière elle. Et non pas dans une salle de tribunal réaliste : "Le public se serait mis à tousser et aurait pensé : voilà un deuxième film qui commence", a expliqué Hitchcock...
Film mineur, mais rudement distrayant tout de même, et passionnant, sur l'un des thèmes les plus obsessionnels de Hitchcock : l'innocence face au Mal, constamment menaçant.
Pierre MURAT (Télérama)


Hitchcock adapte fidèlement - sans chercher à l'aérer artificiellement - un succès de Broadway et parvient grâce au charisme des acteurs (Ray Milland, malfaisant mais séduisant; Grace Kelly, innocente injustement menacée) à nous passionner. Un seul regret : le film avait été tourné en 3 D, mais on ne le vit jamais en France avec les lunettes bipolarisantes assurant l'effet de relief. La célèbre scène du meurtre - un coup de ciseaux dans la nuque - devai t être particulièrement saisissante...
Aurélien FERENCZI (Télérama)


Adaptant une pièce policière à suspens, Alfred Hitchcock se délecte. Il va nous expliquer, en ouverture, comment le mari s'y prend pour piéger sa femme. Nous attendons. Ça marche ! (enfin, ça a l'air)... Mais les dieux du polar interrompent le processus. Le premier scénario dérape, un deuxième prend le relais, tout aussi ingénieux. En route pour une nouvelle tranche de suspens et d'émois. Il contrôle l'aventure, dispense les coups de théâtre. Sa technique et son art éclatent dans ce récit somme toute conventionnel. Même si vous avez déjà vu le film, vous avez probablement oublié le coup de la clé.
Gilbert SALACHAS (Télérama)


Tourné pour être vu en relief (procédé Warner 3 D), le film fut très peu exploité sous cette forme et beaucoup d'effets conçus pour cette nouvelle technique perdirent de leur intérêt. Malgré cela, le film reste très intéressant, grâce à sa construction géométrique fort élaborée qui tout en respectant les conventions de la pièce de théâtre, tient sans arrêt le spectateur en haleine. Toute la dernière partie, qui n'est que l'exposé d'un raisonnement sous forme de dialogue, se voit sans le moindre ennui. Le véritable héros de l'histoire est bien le mari diabolique, dôté en même temps d'un tel pouvoir de fascination que même sa pauvre épouse, la frêle Grace Kelly, ne sait plus au bout du compte si elle doit l'aimer ou le haïr.
Henri GUIEYSSE (Guide des Films, Collection Bouquins)


Ce film n'est pas un des plus renommés d'Hitchcock. Pourtant, c'est tout de suite après ses chef-d'oeuvres, une de ses meilleures réussites. Adapté du théâtre, le film respecte tout à fait l'unité de lieu et constitue un tour de force de découpage cinématographique. Les rapports troubles entre le mari, la femme, l'amant et le meurtrier sont dignes de Dostoïevski. Il est dommage cependant que le médiocre Robert Cummings ne soit pas à la hauteur de ses partenaires. Le film y perd une dimension essentielle à sa dramaturgie.
Stéphan KREZINSKI (Dictionnaire des Films, Larousse)


Hitchcock aborde ici un thème qui lui est cher : l'innocent accusé injustement. Sa machine à suspense est parfaite, et l'on a les mains moites en voyant le piège machiavélique dans lequel Ray Milland enferme son épouse Grace Kelly. Un palpitant suspense.
Pierre-André ARENE (Télé K7)


Le crime parfait existe-t-il ? A cette question on répond souvent par la boutade bien connue : "On ne peut pas le savoir, puisque par définition un crime parfait n'est jamais découvert." Hitchcock lui-même déclara un jour à ce propos : "Le crime règne partout. En ce moment même, des assassins se promènent dans les rues de Londres. Peut-être ne connaîtrons-nous jamais certains d'entre eux. Ce sont ceux qui ont commis le crime parfait qu'on ne découvre jamais. C'est pour cela qu'il est impossible de tourner un film sur le crime parfait. Nous ne rendons pas compte de ce qui se passe autour de nous."
Notons qu'un crime peut être reconnu comme tel en toute certitude, sans que son auteur puisse être découvert : et nous pouvons considérer cette sorte de crime impuni comme parfaitement réussi. Si l'on trouve dans l'histoire du cinéma (ou du roman) policier quelques exemples de crimes impunis, on n'en trouve aucun de crimes parfaits. Contrairement à ce qui se passe parfois dans la réalité, l'assassin de la fiction policière est toujours démasqué. Cela fait partie des impératifs du genre : un récit policier sans conclusion est impensable; plus exactement, un tel récit n'appartiendrait plus à la catégorie du policier proprement dit, mais à celles des parodies ou des montages sémiologiques relevant d'un projet démystificateur.
Pourtant l'idéal du crime parfait est omniprésent dans la littérature et le cinéma policiers. Un crime raté, mal préparé, facile à découvrir, ne pourrait pas servir à fonder une intrigue policière - dont la véritable formule universelle pourrait être ce titre d'un célèbre film d'Alfred Hitchcock : Le Crime était presque parfait
Ce film, dont le titre original américain est Dial M. for murder, fut réalisé par Alfred Hitchcock en 1954. Sur le plan de la narration, le film peut être considéré comme un pur chef-d'oeuvre du genre. L'identification du criminel semble parfaitement impossible, bien que le public soit très rapidement dans le secret du crime. La précision mathématique du scénario est tout à fait admirable. Hitchcock a adapté, selon une technique de mise en scène à huis clos qu'il affectionne particulièrement, une pièce de théâtre écrite par Frederick Knott. Pourtant le réalisateur lui-même juge cette oeuvre mineure et peu satisfaisante, à cause de sa trop grande dépendance envers la caméra "trois D", qui oblige à user d'effets très particuliers.

La trame du film d'Alfred Hitchcock est la suivante : Margot Wendice (Grace Kelly), riche héritière et femme du champion de tennis Tony Wendice (Ray Milland), aime un autre homme, le romancier américain Marc Halliday (Robert Cummings). Margot signale à Marc de retour à londres, qu'on lui a volé une lettre compromettante et qu'elle est l'objet d'un chantage. Marc trouve que le plus simple serait de tout dire au mari, mais il ignore que c'est ce dernier qui est à l'origine da la machination. Craignant que sa femme ne le quitte en emportant sa fortune, tony va jusqu'à engager un tueur, mais ce projet échoue, car Margot parvient à supprimer son agresseur. Le mari songe alors à tirer parti de cet échec d'une façon tout à fait diabolique : il essaie de persuader la police que sa femme est une meurtrière, mais il a oublié un détail, qui fera échouer son plan...
Encyclopédie Alpha du Cinéma (René Prédal, Gérard Langlois, Raul Contel, Manuel Rotellar, Domenec Font, Henri Poncet, Emili Teixidor, Annette Colliot-Thélène)