AMERICAN SNIPER


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Fiche technique :
Film américain de Clint EASTWOOD
Année : 2014
Bradley COOPER (Chris Kyle), Sienna MILLER (Taya Renae Kyle), Luke GRIMES (Marc Lee), Kyle GALLNER (Goat-Winston), Jake McDORMAN (Ryan Biggles Job), Eric CLOSE (DIA Agent Snead), Tom GRIFFIN (le colonel Gronski), Sam JAEGER (le capitaine Martens), Chance KELLY (le lieutenant colonel Jones), Leonard ROBERTS (l'instructeur Rolle), Keir O'DONNELL (Jeff Kyle)
Scénario : Jason Dean HALL
Directeur de la Photographie: Tom STERN
Montage: Joel COX et Gary D. ROACH
Musique : Clint EASTWOOD
Décors : James J. MURAKAMI
Costumes : Deborah HOPPER
Durée : 135 mn
Genre : Biographie



 





L'histoire :
Né à Odessa, petite ville du Texas, Chris Kyle est un trentenaire désoeuvré. Espérant devenir cow-boy, il voudrait donner un sens à sa vie. Les attentats terroristes perpétrés en 1998 contre les Etats-Unis l'incitent alors à s'engager dans l'armée. Repéré par ses supérieurs pour son talent au tir, il est envoyé en Irak comme sniper. Très intuitif, Chris parvient à identifier et tuer des opposants prêts à tout pour repousser la présence ocidentale. Il fait mouche dans des conditions extrêmes. Durant la bataille de Falloujah, il abat quarante combattants ennemis. Peu à peu, il devient une légende aux Etats-Unis. Tourmenté par les civils qu'il abat sur place, il revient au pays sans parvenir à retrouver sa place auprès de sa femme Taya et de leurs enfants. Très vite, il retourne en Irak où il se sent plus utile...








Dans le titre, c'est le mot American qui compte le plus. Clint Eastwood raconte une histoire, une croisade, un conditionnement américains. Il le fait en tant qu'Américain, bien sûr. Mais pas sans lucidité. Sa biographie du tireur d'élite Chris Kyle, envoyé en Irak quatre fois, est empreinte d'une désespérance de plus en plus funèbre. L'enfance du tireur, au Texas, est marquée par une éducation à la serpe. Le père divise une fois pour toutes l'humanité en trois catégories : les loups, les brebis et les chiens de berger. Cette Amérique est bien la « dernière société primitive » que décrivait l'essayiste Jean Baudrillard. Une fabrique de soldats obsédés par la protection de leurs compatriotes.
Comme dans la série Homeland, les attaques américaines au Moyen-Orient ne sont pas contestées dans leur principe (Eastwood ne croit qu'aux faits), mais étudiées à la loupe, ainsi que leurs effets sur les hommes. Dans son diptyque sur la bataille du Pacifique, Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima, le cinéaste consacrait un volet entier au point de vue japonais. Rien de tel, cette fois, avec les Irakiens. Mais le film dit sans équivoque la hideur de cette guerre, pendant et après, avec les images réalistes des vétérans mutilés et la tournure borderline que prend la vie de Chris Kyle une fois rentré. A la fin, l'omniprésence d'un fusil, comme chevillé au corps du jeune vétéran, jusque dans ses étreintes avec son épouse, distille le malaise et annonce la violence — pas celle que l'on croit. Une grande scène de terreur insidieuse.

Louis Guichard (Télérama)








Le dernier Clint Eastwood (..) glorifie le parcours véridique d’un tireur d’élite en lutte contre les forces du mal en Irak.

"Le sniper le plus redoutable de l’histoire américaine" est le slogan qui barre à la fois l’affiche et la fin de la bande-annonce d’American Sniper. Chargé de connotations morales, le terme «redoutable» n’est pas le mot utilisé par l’accroche américaine qui évoque «the most lethal sniper in US history». "Lethal" renvoie explicitement au nombre de morts revendiquées par la fine gâchette Chris Kyle (160 officiels et probablement plutôt 100 de plus), tireur d’élite des Navy Seal, quatre missions en Irak, et dont le film retrace le parcours en s’inspirant de son autobiographie publiée en 2012 (1,2 million d’exemplaires écoulés aux Etats-Unis).
Ce film de guerre signé Clint Eastwood et avec l’acteur Bradley Cooper, l’une des jeunes stars les plus en vue du moment à Hollywood, provoque un engouement exceptionnel outre-Atlantique. Il cumule en effet 286 millions de dollars de recettes à ce jour aux Etats-Unis (déjà deux fois plus que le précédent record d’Eastwood, Gran Torino en 2008), ce qui en fait le deuxième plus gros succès de l’histoire d’un film interdit au moins de 17 ans, après la Passion du Christ de Mel Gibson. Une aubaine pour Eastwood, que beaucoup ont cru sénile et cramé depuis son monologue avec une chaise vide, en 2012, lors d’un meeting de soutien au candidat républicain Mitt Romney, et quelques films faiblards. Bien qu’il ne soit pas à l’initiative du projet "American Sniper", que Steven Spielberg devait d’abord réaliser, Eastwood a d’évidence été galvanisé par son sujet, retrouvant assurance et grandes formes tonitruantes. A quelle fin ?

Fourbes.
On n’a pas besoin des tweets de Michael Moore, qualifiant la figure du sniper de "lâche" tirant dans le dos de ses victimes, pour juger American Sniper totalement problématique. Passé un prologue qui fait mine de plonger le spectateur dans le vif du sujet (le supplice moral d’abattre ou non un enfant aux bras chargés d’explosifs), le vieux cinéaste relate la vie de Kyle par le menu, avec ses premiers tirs à la carabine en chassant la biche avec papa. Texan rustaud, élevé au bon grain et au bon sens biblique administré à la table familiale, détourné en 1998 d’une carrière dans le rodéo par la vocation patriotico-militaire après les attentats contre les ambassades de Nairobi et de Dar es-Salaam, Chris Kyle est dépeint en prodige du fusil qui, dès ses classes militaires, voit plus loin et tire plus juste que les autres. Une fois déployé, il est investi de la mission de couvrir ses camarades qu’harcèlent les insurgés irakiens, masse indistincte de guérilleros orientaux, mal rasés et fourbes. Le halo d’ambiguïté morale que fabrique souvent Eastwood autour de ses personnages, et que son éternel rictus vengeur exemplarise dans tant de scènes d’anthologie, laisse ici place à l’affrontement entre le bien et le mal.
Il n’est pas une seule séquence qui ménage même un doute sur une possible erreur du héros et ses victimes sont toutes prises en flagrant délit de mauvaise action anti-américaine. A ce compte-là, nul ne doit s’étonner que Chris Kyle, dans son fanatisme efficace, devienne rapidement l’homme que l’on désigne sous le pseudo de "The Legend". Chaque nouvel ennemi exterminé grandit son auréole messianique. Il est aux yeux de tous, selon l’allégorie énoncée dès l’enfance par son père, le «chien de berger», le protecteur, celui qui s’interpose entre les "loups" et les "agneaux". Toute contextualisation politique est gommée (nulle mention de Bush, de Saddam Hussein ou de la prise de conscience par les soldats des enjeux pipés du conflit). L’ennemi présente ici le visage carnavalesque et terrible d’un croque-mitaine à la perceuse désigné comme le «diable», figure de bourreau à la Daech et sorte de Leatherface roi de Fallouja. Quant au peuple irakien, il n’est brossé qu’à traits grossiers en peuplade hostile et sauvageonne.

Néocons.
S’il estompe les traits les plus odieux qui jalonnent l’autobiographie de Chris Kyle, la littéralité avec laquelle Eastwood en embrasse l’imaginaire et les représentations laisse pantois. Ainsi le film fait par exemple sienne la misogynie du personnage, dépeignant des forces armées sans femmes et la compagne du héros (Sienna Miller) comme une machine à larmes, à morve et à mômes. Vu d’ici, Eastwood peut paraître invoquer, restaurer même, une vision du monde que l’on croyait enterrée avec la liquidation des années de la clique néoconservatrice qui a régné à la Maison Blanche autour de Bush, Condoleezza Rice et consorts. Celle d’un monde bipolaire et sans nuances, structuré par le mythe d’un empire du Bien jouant les garde-fous et les restaurateurs d’ordre partout où le monde déraille. A l’heure des politiques de désengagement, de la guerre technologique et des discours prônant le «no boots on the ground» (pas de troupes déployées au sol), Clint Eastwood réactive le roman d’un corps militaire homogène et confit dans ses stéréotypes machos comme ultime rempart du monde libre et démocratique.
Au regard de ces impressions, que le déroulé du film ne s’efforce jamais de bousculer, jusqu’à la pompe de son générique final en forme d’archives des funérailles nationales du vrai Chris Kyle, la recension de l’accueil critique presque unanime d’American Sniper aux Etats-Unis n’en est que plus troublante. De Variety au New Yorker, du Wall Street Journal au Los Angeles Times, les éloges prennent des formes diverses et accueillent plus ou moins de nuances, mais déploient de concert l’évocation d’un film en lequel on peine à reconnaître celui que l’on a vu : là d’où nous dévisage une exaltation d’un patriotisme bas du front, nos confrères américains croient discerner une élégie endeuillée ou une tragédie de l’inattaquable figure du gardien des valeurs de la nation. En dépit d’un demi-siècle et quelque d’impérialisme culturel américain et de sa colonisation de nos imaginaires, il arrive encore que l’on se heurte à pareil fossé de nos perceptions et de nos acquis socioculturels, que ce film permet d’envisager crûment.

agissements.
Par-delà son ambition guère déguisée de réécriture de l’invasion irakienne à l’aune de la plus récente géographie des antagonismes moyen-orientaux, American Sniper fait figure de nouvelle borne réactionnaire plantée en guise d’amorce de la fin de règne d’Obama, après celle érigée par Gran Torino à la veille de l’entrée en fonction de ce président contre lequel Eastwood n’aura eu de cesse de vitupérer. Le cinéaste rapproche lui-même les deux films, comme deux pièces jumelles de son œuvre (lire interview page 4), qui se trouvent par une coïncidence confondante s’avérer ses deux plus amples succès commerciaux à ce jour. On se rappelle avoir découvert Gran Torino fin 2008 dans un multiplexe de San Francisco duquel on était ressorti glacé moins par le film que par les vagissements euphoriques du public à chaque fois qu’Eastwood y grimaçait une insulte raciste ou dégommait un jeune voyou. Dans son article sur American Sniper, par un effet d’écho, le critique de Variety Scott Foundas rapporte l’ambivalence des réactions lors d’une avant-première à New York, lorsqu’au climax du film, la balle mortelle tirée par Chris Kyle fuse au ralenti vers son alter ego syrien. "Certains applaudirent, d’autres frémissaient, et c’est au crédit du film d’autoriser l’une et l’autre de ces réactions."
Dans son aspiration à en appeler tout à la fois à la vérité crue et au légendaire, d’incarner un intemporel de l’Amérique rivée à ses mythes les plus violents (notamment sa fétichisation quasi sexuelle des armes, omniprésente), Eastwood entreprend tant bien que mal de sauver la notion d’héroïsme simple dans une époque où il aurait été dénaturé de toutes parts, avec le subvertissement comique des codes anciens par l’école Tarantino, la poussée de la virtualisation super-héros Marvel et l’essor salutaire d’un relativisme critique. Plutôt que de s’attacher à décrire la complexité de ce monde et de ses conflits multipolaires, American Sniper, film à la fois anachronique et bien de son temps, préfère la peinture lénifiante et obsolète d’un salut arraché par un individu hors normes, sa morale propre en bandoulière et désespérément droit dans ses bottes.

Didier Péron, Julien Gester (Libération)








Si l’histoire de Chris Kyle est parfaite pour satisfaire le patriotisme américain, le cinéaste y instille une bonne dose d’équivoque.
La "surprise" de ce nouveau film de Clint Eastwood ne tient pas à sa qualité de mise en scène, car même s’il n’est pas à chaque fois au top, Clint continue de signer régulièrement de grands films (J. Edgar, Gran Torino, le diptyque Mémoires de nos pères/Lettres d’Iwo Jima…), peaufinant à chaque fois sa stature voire sa statue de dernier grand cinéaste américain classique.
Non, ce qui étonne, c’est la vigueur d’American Sniper au box-office américain, dans un marché dominé par les blockbusters de superhéros. Si le vieux cowboy parcheminé parvient encore à régner sur un domaine a priori dévolu aux teenagers, c’est peut-être aussi pour de mauvaises raisons : American Sniper est adapté d’un best-seller américain, récit des exploits guerriers d’un Navy SEAL en Irak, Chris Kyle, et il n’est pas impossible que ce public massif se soit plu à s’enrouler dans son drapeau pour applaudir bien au chaud les performances d’un p’tit gars de chez eux qui défend leurs valeurs et combat leurs ennemis lointains et basanés selon leur bonne vieille tradition : flingue à la main.
Dans un pays où le droit de posséder une arme est sacré, inscrit dans la Constitution, l’immense succès d’American Sniper est peut-être avant tout un effet NRA. Mais le style laconique, détaché d’Eastwood ainsi que l’histoire complète de Chris Kyle permettent une lecture politique plus ambivalente du film.
Bien sûr, le Chris Kyle interprété par Bradley Cooper suit l’entraînement des Marines, pratique la chasse comme loisir, aime les armes, et une fois sur le terrain des opérations, en Irak, il vise et tue avec la précision d’une machine. D’un autre côté, il a parfois une lueur de doute dans le regard. Eastwood et Cooper réussissent à humaniser la brute épaisse. Il y a cette scène de suspense où Kyle hésite longuement à tirer sur un enfant, et ne l’abat que lorsqu’il est certain que le môme porte une arme.
Eastwood insère aussi toutes ces séquences domestiques qui valent comme contrepoint critique. L’épouse de Kyle le presse de ne pas repartir, remet en cause sa mission de "premier violon" de l’armée. Message : occupe-toi des tiens plutôt que d’aller faire l’ange exterminateur à 10 000 kilomètres de ton pays. Autre scène mémorable : quand Kyle est prostré dans un bar et qu’il ne parvient pas à rentrer chez lui. La guerre vous transforme, vous rend inapte à une vie “normale”. On ne peut pas non plus faire abstraction du corpus eastwoodien récent, de ces films où il remettait clairement en cause la morale westernienne du "tire d’abord, réfléchis après" (Impitoyable, Gran Torino…), où il décortiquait la machine à propagande nationaliste (Mémoires de nos pères).
Dans son rapport ambigu au patriotisme et aux guerres impérialistes, American Sniper fait penser aux remous suscités jadis par Voyage au bout de l’enfer (Cimino) et Born in the USA (Springsteen). A la fin du Cimino, les prolos détruits par la guerre chantaient God Bless America comme un chant de deuil, peut-être autant contre les leaders américains qui les avaient envoyés au casse-pipe que contre les soldats du Vietcong. On se souvient de la mésaventure de Springsteen : en pleine reaganmania, une partie du public et jusqu’à Reagan lui-même n’avaient retenu de son disque que le titre et les stars & stripes, n’écoutant pas les couplets amers racontant l’histoire d’un Vietnam veteran brisé.
Cimino et Springsteen arboraient les signes extérieurs d’américanité, mais pour dire "Nous aimons notre pays mais notre Amérique n’est pas la vôtre, celle de la guerre loin de chez nous qui détruit nos fils". De la même façon, American Sniper paraît se terminer sur une apothéose militaro-patriotique : les funérailles de Kyle avec Marines en apparat, bannières étoilées saturant l’écran et musique élégiaque. Mais le ver est dans le fruit : la violence américaine s’est retournée contre elle-même, son hubris, ses dérives, conduisent à la folie et au suicide. Si le sens du film est incertain, ouvert, en débat, sa virtuosité de mise en scène est indiscutable.
Eastwood allie la limpidité de découpage à l’ancienne à la puissance de feu de la technologie contemporaine – le son métallique des impacts de balles est particulièrement saisissant. Il s’autorise même une séquence quasi abstraite de fusillade dans un brouillard de sable orangé qui rappelle l’assaut nocturne de la casa Ben Laden dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. On sort d’ailleurs du Eastwood avec les mêmes sentiments mêlés qu’après les derniers Bigelow : aucune sympathie pour ces personnages qui tuent, torturent, occupent un pays étranger au nom de la défense des démocraties, mais une certaine reconnaissance pour ces cinéastes qui nous permettent d’aborder ces réalités guerrières par un biais plus profond, anglé et questionnant que celui des actualités télévisées.

Serge Kaganski (Les Inrocks)








Par le petit bout de la lunette, par Benoît Smith
Cela faisait un moment qu’un film hollywoodien n’avait pas suscité une telle polémique aux États-Unis, tout en recueillant le succès public. Le précédent n’était autre que Zero Dark Thirty. Pas de coïncidence – les derniers films respectifs de Kathryn Bigelow et Clint Eastwood ont été ou sont en lice pour les Oscars, abordent sur la base de faits réels les opérations américaines en Irak, et amènent une même question : sont-ce ou non des apologies de la guerre, et des méthodes les plus choquantes pour la gagner ? Au dossier à charge contre le film d’Eastwood, évidemment, certains ne manquent pas d’ajouter les sympathies politiques notoires du réalisateur – un peu trop facilement pour ne pas inciter à y regarder à deux fois en tâchant de faire abstraction de cette donnée... American Sniper retrace les faits d’armes et le rapport à la vie civile du sous-officier de l’US Navy Chris Kyle, solide Texan, Navy SEAL et surtout tireur d’élite au nombre de cibles abattues impressionnant (160 confirmées par le Pentagone, lui-même en revendiquant 255...), décoré plusieurs fois au cours de ses quatre « tours » de service en Irak, avant de mourir lui-même abattu près de chez lui, à son club de tir, en 2013. Soit le genre d’homme que l’institution militaire et ceux qui la respectent appellent un héros, et dont les névroses (bien qu’affecté psychologiquement par son service, il clama son absence de remords concernant ses victimes) ont de quoi intéresser un cinéaste en quête de portrait de l’Amérique profonde. Or Eastwood, apparemment hésitant entre ces deux facettes du personnage, penche de toute évidence pour le portrait en héros – avec un manque de nuance qui, même indépendamment du contexte historique et politique qui attire toutes les attentions, s’avère pour le moins problématique.

Suite sur le site de Critikat







Clint Eastwood Interview - American Sniper







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