THE MULE


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Fiche technique :
Film américain de Clint EASTWOOD
Année : 2019
Avec Clint EASTWOOD, Bradley COOPER, Laurence FISHBURNE, Michael PENA, Dianne WIEST, Andy GARCIA, Alison EASTWOOD, Jill FLINT, Ignacio SERRICCHIO, Taissa FARLIGA.
Scénario : Nick SCHENK, basé sur un article de Sam DOLNICK dans The New York Times Magazine intitulé The Sinaloa Cartel's 90-Year-Old Drug Mule
Directeur de la Photographie: Yves BELANGER
Montage: Joel COX
Musique : Arturo SANDOVAL
Décors : Ronald R. REISS
Costumes : Matthew JEROME
Durée : 116 mn
Genre : Drame Biographie



 





L'histoire :
Earl Stone, vétéran de la Guerre du Vietnam et ancien horticulteur, est aujourd’hui âgé de 90 ans. Endetté jusqu’au cou et sans perspective réelle d’emploi, il accepte un « job » particulièrement facile et lucratif : celui de chauffeur. Tout ce qu’il lui est demandé, c’est de faire du transport de drogue avec l’aide de son pickup, pour le compte d’un cartel de la drogue mexicain. Mais alors que ses factures passent au rayon des mauvais souvenirs, le poids de son passé refait surface. Et il va falloir faire vite, car Colin Bates, agent de la DEA, se met à le traquer.








Avec Dumb and dumber ou Mary à tout prix, en duo avec son cadet Bobby, Peter Farrelly a donné ses lettres de noblesse à la nouvelle comédie américaine des années 1990, avant que la bande à Judd Apatow ne prenne le relais. Humour ­régressif, volontiers scatologique, sans ­limite ni tabou : handicap, sexualité, obésité, racisme, bêtise congénitale, rien n’a échappé au mauvais goût burlesque des frères Farrelly et de leur génial acteur fétiche, Jim Carrey. Après vingt ans au service de la gaudriole, Peter se lance donc, en solo, dans le grand bain du film de prestige. Reniement ? Volte-face ? Sur le papier, cette édifiante et véridique histoire d’amitié entre un pianiste de jazz afro-américain, Don Shirley (1927-2013), et son chauffeur blanc, italo-américain, Tony Lip (1930-2013), partis écumer, en 1962, les salles de concert du Sud ségrégationniste des Etats-Unis, pouvait faire craindre un pensum politiquement correct, genre que Hollywood adore récompenser.
Déjà lauréat de trois Golden Globes, ce road movie, qui tire son nom de l’authentique guide de voyage à l’usage des touristes "de couleur" publié pendant la ségrégation raciale, devrait, à juste titre, rafler plusieurs oscars, même si celui du scénario échappera vraisemblablement à Nick Vallelonga, le fils de Tony Lip, à la suite de la récente exhumation d’un tweet de soutien aux élucubrations anti-musulmans de Donald Trump. Ses qualités d’écriture frappent, pourtant, d’emblée : en jouant sur l’inversion du rapport de domination, Green Book a plus à offrir qu’un décalque de Miss Daisy et son chauffeur. L’opposition entre le prolétaire videur de boîte de nuit, gentiment beauf et xénophobe comme l’Américain moyen dans les années 1960, et son élégant patron noir, qui n’a jamais mangé de poulet frit avec les doigts, échappe à la caricature en se déplaçant sur le terrain politique. Car Peter Farrelly connaît ses classiques. S’il appuie le trait, multiplie les répliques spirituelles et déroule sans sortir des clous la fable sur la tolérance annoncée, il convoque la modestie et l’humanisme de Frank Capra, dont l’histoire n’a souvent retenu que l’optimisme volontariste, sans percevoir le désespoir. La réconciliation entre ­Viggo Mortensen et Mahershala Ali — tous les deux au sommet de leur art — possède cette profondeur-là. Dans un pays où les Noirs sont encore plus souvent tués par la police aujourd’hui qu’ils n’ont été lynchés pendant la ­ségrégation, il semble utile de faire preuve de pédagogie et d’humour pour rappeler cette page sombre, et sans doute ignorée par les plus jeunes, de l’histoire récente des Etats-Unis. Développer un récit simple n’exclut pas de rester subtil, par exemple, quand il s’agit de révéler l’homosexualité du pianiste et la belle réaction de son ange gardien — mélange de pudeur et d’empathie. Dans Ragtime (1981), de Milos Forman, le héros, pianiste de jazz noir et éduqué comme Don Shirley, choisit la lutte armée après avoir subi une série d’humiliations en raison de la couleur de sa peau dans l’Amérique raciste de Roosevelt. Il pourrait être le grand-père de celui de Green Book, qui opte, lui, pour la méthode douce. Il accepte de jouer des concertos pour des Blancs toujours ­capables de pendre ses frères. La voie de la sagesse. Celle des saltimbanques. Avec ce film doucement militant, Peter Farrelly aurait pu faire sienne la dédicace qui ouvre Les Voyages de Sullivan (1941), du cinéaste Preston Sturges, une autre de ses sources d’inspiration : "A la mémoire de ceux qui nous ont fait rire, les charlatans, les clowns, les bouffons, de tous temps et de tous pays, dont les efforts ont allégé un peu notre fardeau."

Jérémie Couston (Télérama)







Clint Eastwood Interview - La Mule









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