BLOOD WORK Fiche technique : Film américain de Clint EASTWOOD Année : 2002 Avec Clint EASTWOOD (Terry McCaleb), Jeff DANIELS (Buddy Noone), Wanda De JESUS (Graciela Rivers), Anjelica HUSTON (Docteur Bonnie Fox), Rick HOFFMAN (James Lockridge), Tina LIFFORD (Jaye Winston), Paul RODIGUEZ (Détective Ronaldo Arrango), Dylan WALSH (Détective John Walker), Mason LUCERO (Raymond), Gerry BECKER (M. Toliver). Scénario : Brian HELGELAND d'après l'oeuvre de Michael CONNELY Photographie: Tom STERN Musique : Lennie NIEHAUS Durée : 109 mn Genre : Thriller Titre français : Créance de sang

L'histoire :
Terry McCaleb, un profiler légendaire du FBI, traque un tueur en série, retors et obstiné, qui s'amuse à le provoquer en semant sur les lieux de ses crimes des messages codés en lettres de sang. Alors qu'il est sur le point de capturer l'insaisissable Code Killer, le policier s'écroule, victime d'un infarctus. Sauvé de justesse par une greffe du coeur, il entame une longue convalescence, et deux ans après son accident, mène dans le port de San Diego, une paisible vie de retraité.
C'est alors qu'une jeune femme, Graciela Rivers, vient solliciter son aide pour lui demander de retrouver le meurtrier de sa soeur, Gloria, celle à qui appartenait le coeur dont Terry est aujourd'hui pourvu. Pour honorer sa "créance de sang", ce dernier se lance alors dans une enquête ardue, physiquement dangereuse, avec le concours de son ami nonchalant Buddy Noone.

Critique :
L'intrigue cardio-policière (superbe roman de Michael Connelly) s'appuie sur la filiation de ce nouveau coeur, prélevé sur une jeune femme abbatue. Pour retrouver le tueur , la soeur de la victime s'adresse à Terry, qui se sent obligé d'honorer "sa créance de sang".
Malgré son souffle court et ses médocs à prendre, il nargue les autres flics, enrôle un nonchalant excentrique comme chauffeur, prône l'amour multiracial dans les bras d'une latino tout en s'autorisant un petit revival de l'Inspecteur Harry (obsession de la vengeance et absence de sommations)
Avec une vois de plus en plus étouffée, sans timbre, limite poitrinaire. Bilan : thriller poussif pour Eastwood, regardable au vu de ce qui se fait ailleurs.
Jacques MORICE, Télérama

Cela n'empêche pas au demeurant d'apprécier à sa juste valeur un récit solide, une interprétation sans faille et une mise en scène qui ne l'est pas moins. Alors, tout est dit ? Non, justement. Car, comme un train peut en cacher un autre, ce film est aussi en palimpseste une somptueuse et crépusculaire réflexion - dans les deux sens du terme - de Clint Eastwood sur lui-même, homme pour qui il est vital, à soixante-douze ans, de produire, réaliser et interpréter encore un film.
Jean ROY, L'Humanité

Déjà le titre sonne comme le glas, tel une oraison funèbre voilée de poésie, de mystère, de crépuscule et d'étrange. Un titre qui correspond au film, l'habille parfaitement, créant d'emblée une atmosphère particulière, presque en suspension, prête à basculer à tout moment.
Pour son dernier opus, Clint Eastwood s'est inspiré d'un roman de Dennis Lehane, dont le scénario semble avoir été écrit pour le cinéma tellement il s'y prête avec justesse et naturel : 3 enfants, voisins et amis, vivent un drame commun, l'enlèvement de l'un des leurs pendant quelques jours. Ce qui s'est passé véritablement, personne n'en saura rien, du moins pas explicitement. Mais cela restera gravé dans les mémoires, et influencera le cours de leurs vies. 30 ans plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau, lors de circonstances tragiques : la fille de l'un d'entre eux est retrouvée assassinée, le second enquête sur l'affaire, le troisième est suspecté du meurtre. Les liens entre les trois hommes se retissent et se resserrent, ravivant souvenirs douloureux et conflits intérieurs, passé et présent se mêlent alors dangereusement, et tout ce qui semblait installé jusqu'alors devient friable et fragile, sur le point d'imploser au moindre souffle.
Clint Eastwood signe avec ce Mystic River un film surprenant et intense, au climat trouble et inquiétant, distillant un malaise qui colle à la peau et s'installe en vous, insidieusement. A cette ambiance si particulière, lourde et imposante, correspond une photo magnifique, qui puise dans des tonalités sombres, et nous plonge dans les ténèbres et les méandres de l'âme. Au dessus de ce décor funeste se dessinent trois portraits, trois hommes blessés, dont chacun va révéler ses failles et ses faiblesses, et dévoiler au fur et à mesure une part inconnue de lui-même, l'ombre sous la lumière. Pour toutes ces raisons, Mystic River est un film à découvrir. Il ne vous laissera pas indifférent.
Sarah BEAUFOL, Télérama